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Chapitre 128 : Trois galets perdus � jamais

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Cette vision effraya Harry. Le Regulus Black qui venait d�entrer dans le bar n�avait rien du bon-vivant dont Abelforth avait parl�.
Et les quatre hommes qui l�accompagnaient ne semblaient pas plus agr�ables. Ils avaient les traits durs, les yeux sombres, et les cheveux noirs.
Abelforth, qui avait l�apparence d�un sorcier d�une cinquantaine d�ann�es � la barbe blonde hirsute et aux yeux bleus, se leva pour les accueillir.
� Bonsoir, Laslo, aboya Regulus d�une voix grave, � l�adresse d�Abelforth.
� Ah, Regulus, vous tombez bien, je n�ai pas beaucoup de visiteurs, ce soir�
� Ce n�est pourtant pas un temps � sortir, pesta Regulus. Les dragons ne cessent de s�agiter � cause de l�orage, �a les rend nerveux.
� Dure journ�e, ajouta le plus petit des cinq sorciers sur un ton machiav�lique. Mais nos projets avancent bien.
� Je n�en doute pas, Walter, r�pondit Abelforth, qui essuyait de la vaisselle. Installez-vous � cette table.
Abelforth quitta le comptoir pour les rejoindre et serra vigoureusement la main des cinq hommes.
Le d�nomm� Walter s�assit dans le faisceau de lumi�re d�une bougie et Harry put distinguer son visage. Il avait des yeux noirs luisants et son sourire laissait appara�tre des petites dents qui lui donnaient un air vicieux. Son nez �tait gros et crochu et il avait deux touffes de cheveux noirs lisses et brillants de chaque c�t� de la t�te.
Le sorcier � sa droite, le plus massif des cinq, aux cheveux blond paille, lui glissa quelque chose � l�oreille que Harry ne put saisir. Walter �clata alors d�un rire des plus d�sagr�ables.
� Brillant, Stefan ! Simplement brillant ! Laslo, qu�est-ce que tu attends pour apporter le Whisky ?
� Ca vient, Walter, �a vient� r�pondit Abelforth avec amusement.
La version �g�e de Hermione donna un coup de coude � Harry.
� Quoi ?�
� Arr�te de les regarder comme �a, murmura-t-elle. Ils vont nous rep�rer, ayons l�air normaux !
Il y eut un silence interrompu par un nouvel �clat du m�me rire d�sagr�able de Walter.
� Dites quelque chose, pressa Hermione, voyant que Regulus Black les observait.
Malgr� sa transformation � cause du Polynectar, Ron devint tout rouge en sentant le regard de Regulus pos� sur eux.
� M�me le Polynectar ne pourra pas t�enlever �a, rigola Ginny.
� Ca va, toi ! r�pondit Ron sur un ton sec.
� D�cid�ment, tu es toujours aussi rancunier�
� Tu ne vas pas recommencer ? demanda Ron, haussant le ton.
Le souvenir de la douloureuse dispute de la veille entre Ron et Ginny revint � l�esprit de Harry. Les �v�nements de la journ�e avaient fait qu�elle lui �tait totalement sortie de l�esprit.
Cela eut pour effet de l�assommer une nouvelle fois, et il ne se rendit m�me pas compte que Regulus et ses hommes s��taient arr�t�s dans leur conversation pour les �couter.
A la plus grande surprise de Harry, Ginny se mit � pleurer et elle se leva brusquement pour partir dans le couloir sombre derri�re le bar.
Ron �tait rest� stup�fait, mais Harry avait compris qu�il s�agissait l� d�une parfaite excuse pour aller dans la r�serve chercher les ingr�dients pour empoisonner les compagnons de Regulus afin qu�Abelforth puisse �tre seul avec lui.
� Bande de sauvages ! s�exclama alors Hermione, quittant la table pour aller rejoindre Ginny.
Harry jeta un regard rapide � la table de Regulus et il d�tecta sur le visage d�Abelforth un sourire ravi.
Regulus, lui, �tait d�j� en train de boire son premier Whisky.
Harry et Ron rest�rent silencieux pendant plusieurs minutes, ne sachant pas vraiment quoi dire. Ils firent alors semblant de boire lentement l�eau qu�Abelforth leur avait servie.
Harry n�avait aucune difficult� � suivre la conversation entre Abelforth et les Dragons tant ils parlaient fort : les premiers effets de l�alcool se faisaient d�j� sentir et Regulus semblait beaucoup plus humain malgr� son apparence effrayante.
Les discussions n��taient pour le moment pas s�rieuses, et Abelforth racontait des blagues douteuses qui amusaient grandement Regulus (qui riait aux �clats) et ses Dragons.
Les deux autres Dragons se pr�nommaient Bj�rn et Frithjof. Ils �taient de toute �vidence jumeaux. La seule fa�on de les diff�rencier �tait un �il de verre rouge sombre que portait Bj�rn. Tous les deux avaient le front large et semblaient robustes, leurs cheveux �taient r�ches et gris�tres, semblables � du poil animal.
Harry �tait impressionn� par les quantit�s d�alcool qu�ils pouvaient tous les cinq avaler. Abelforth remplissait leurs verres avec amusement, et ils les buvaient de bon c�ur.
Hermione et Ginny n��taient toujours pas revenues, et ils se demandaient ce qu�elles pouvaient bien faire. Harry h�sita un instant � se lever pour les rejoindre, mais il fut interrompu par un chant qui s��leva dans le sombre bar, entonn� en ch�ur par les Dragons.

A la taverne on boit on chante
Le soir en rentrant de l�Enfer
Avec les Dragons ses copains
Qui tous les jours triment comme des elfes
Cassant leurs os br�lant leur peau
Les mains crisp�es sur leur baguette
Pour faire triompher au royaume d�Had�s
Le Roi Atomiseur de Boudons�

Regulus n�avait pas chant�, il s��tait content� d�afficher un sourire presque d�moniaque en �coutant ces paroles.
Abelforth n�avait pas non plus chant�, mais �il avait affich� un visage totalement imperm�able. Il leva un verre et tous les six trinqu�rent, avalant un autre verre.
Hermione et Ginny ne tard�rent pas � revenir. Cette derni�re avait encore les larmes aux yeux et Harry �tait admiratif de ses capacit�s de com�dienne.
� On a r�ussi ! murmura Hermione une fois assise.
� De quoi tu parles ? demanda Ron.
� On est en mission, Ron, je te le rappelle ! Je me demandais vraiment comment on pourrait s�en sortir, mais comme d�habitude Abelforth avait bien pr�vu les choses !
� Comment �a ? demanda Harry, qui ne pouvait s�emp�cher de fixer Regulus.
� Il avait laiss� des instructions cach�es dans la r�serve, r�pondit Hermione. On va commencer par �a.
Elle sortit discr�tement un petit flacon de la poche de sa robe puis versa quelques gouttes du liquide violet qu�il contenait dans une petite coupelle.
� Comment tu vas mettre �a dans leur verre ?
� Ils sont suffisamment saouls pour ne se rendre compte de rien� Wingardium leviosa !
La petite coupelle s��leva lentement dans les airs et l�vita en fr�lant les poutres du plafond jusqu�au dessus de la table des Dragons.
� Ca va �tre dur de bien viser�
� Tu n�es pas au-dessus ! dit Ron.�
� Fais le � ma place, alors ! r�pondit s�chement Hermione.
La coupelle oscilla dangereusement et Bj�rn re�ut quelques gouttes sur la t�te. Cependant, il ne sembla pas le remarquer et il continua de chanter avec ses camarades en l�honneur de Regulus qui s��tait finalement lui aussi mis � chanter.
Hermione r�p�ta l�op�ration plusieurs fois pour d�verser une goutte de la potion dans le verre de chacun des Dragons.
Apr�s cinq minutes, Ron commen�a � s�impatienter.
� Il ne se passe rien, se plaignit-il.
� Tu n�es vraiment pas patient� je ne vois pas ce qu�on peut faire d�autre � part attendre que la potion fasse son effet.
� Tu n�en as peut-�tre pas mis assez ! r�pondit Ron.
� Ron, excuse-moi, mais tes r�sultats en potions ne te permettent pas de juger de la qualit� de ma pr�paration !
� Chut ! coupa Harry, voyant que ses amis haussaient dangereusement le ton.�
� En attendant, vu les gaillards que c�est, une ou deux gouttes de plus n�auraient pas pu leur faire de mal, ajouta Ginny.
� Mais non, regardez ! ils commencent � se sentir moins bien.
� On va acc�l�rer un peu les choses, coupa Ginny.
Elle sortit sa baguette magique discr�tement et le pied de la chaise de Walter se brisa, projetant brutalement ce dernier au sol.
Regulus rigola franchement mais Frithjof et Bj�rn rest�rent �tonnamment silencieux.
� Quelque chose ne va pas, vous deux ? demanda Regulus.
� Ils ne tiennent pas l�alcool, ironisa Stefan, le plus robuste des cinq.
� Nous ? r�torqua Frithjof sur un ton de d�fit. Tu vas voir, Stefan !
Il ouvrit deux bouteilles d�alcool et remplit son verre d�un sublime m�lange ambr� aux reflets rouges. Puis il servit son fr�re Bj�rn du m�me m�lange.
Ils trinqu�rent et aval�rent cul sec leur verre sous le regard amus� de Regulus.
� Lequel va vomir le premier ? demanda Regulus � Abelforth.
� Hum, en tous cas, avec ce qu�ils ont aval�, je pense que �a ne va pas tarder, r�pondit celui-ci.
Pendant ce temps, Walter essayait tant bien que mal de se relever. Son visage �tait rouge de col�re.
� Ne m�aidez pas, surtout, r�la-t-il en se cramponnant au dossier de sa chaise. Laslo, ton auberge est vraiment miteuse�
� Les toilettes ! lan�a Bj�rn.
� Oui, les toilettes ! ajouta Frithjof.
Tous les deux se lev�rent brusquement et titub�rent pour rejoindre le couloir des toilettes.
� Tu disais, Walter ? demanda Abelforth, toujours amus�.
� Je disais que ton auberge est dans un piteux �tat, Laslo, elle n�est pas digne des Dragons ! Regulus, j�ai toujours dit que nous devrions aller ailleurs !
� Tu n�es pas oblig� de rester, r�pondit s�chement Regulus, le regard flamboyant.
Walter parut un instant d�stabilis�. Le fait que son avis compte si peu pour Regulus le faisait enrager int�rieurement et cela se traduisait sur son visage par une grimace.
Le personnage �nervait en tous cas fortement Harry, qui n�avait plus �t� agac� � ce point par l�attitude d�une personne depuis la cinqui�me ann�e pass�e avec Dolores Ombrage.
� Il m��nerve, celui-l�, r�la Ginny, qui pensait exactement la m�me chose que Harry.
Cette fois, les quatre pieds de la nouvelle chaise de Walter se bris�rent en m�me temps. Il s��croula sur le plancher poussi�reux et deux lames du parquet se soulev�rent.
On entendit des couinements et une dizaine de rats affol�s en sortirent.
Il y eut un �clair vert et l�un d�eux tomba raide mort.
� Walter, tu n�as rien d�autre � faire que de t�en prendre � ces pauvres b�tes ? demanda Regulus, le ton moqueur.
� Oh, s�il peut m�en d�barrasser, je n�y vois pas d�inconv�nient, r�pondit Abelforth.
� Ce n�est pas � moi de faire ton sale boulot, Laslo ! r�pondit s�chement Walter, qui s��tait � nouveau relev� difficilement. Je ne mettrai plus les pieds dans ce bar !
Walter quitta le bar d�un pas � la fois d�cid� et maladroit tant il avait bu. Il claqua la porte alors qu�une nouvelle bourrasque glaciale s��tait engouffr�e dans la pi�ce, faisant trembler les toiles d�araign�es qui envahissaient les poutres du plafond, et soulevant des rouleaux de poussi�re.�
Il y eut un silence. Abelforth, Regulus et Stefan �taient maintenant les seuls encore � table. Frithjof et Bj�rn n��taient toujours pas revenus des toilettes et personne ne semblait s�en inqui�ter.
� On va peut-�tre augmenter la dose pour Stefan, proposa Hermione en ressortant le flacon de sa robe.
� D�sol� pour Walter, bredouilla Regulus � l�adresse d�Abelforth. Il est tr�s col�rique et tu as d� comprendre qu�il ne t�appr�cie pas trop�
� C�est r�ciproque, r�pondit Abelforth tout en servant un autre verre de Whisky Pur-Feu � Regulus.
� Mais il m�est tr�s utile, c�est le plus intelligent de mes hommes, je peux sans probl�me lui confier des missions de la plus haute importance. Tu devrais en prendre de la graine, Stefan.
Mais ce dernier n�avait pas vraiment l�air dans son assiette. Il �tait devenu soudain encore plus p�le.
� Je crois que je vais aussi aller aux toilettes, bredouilla-t-il.
Stefan se leva et rejoignit � son tour le couloir d�un pas approximatif. Abelforth et Regulus se trouv�rent donc enfin tous les deux seuls autour de la table.
Harry d�cela un l�ger sourire en coin sur le visage d�Abelforth. Mais leur travail n��tait pas termin�, Regulus n��tait pas encore suffisamment saoul pour pouvoir se livrer compl�tement � Abelforth, et les Dragons finiraient bien par revenir des toilettes.
� Maintenant que les autres sont partis, je peux sortir ceci�
Abelforth leva sa baguette et une petite bouteille en verre fum� vint se poser sur la table. Elle �tait couverte de poussi�re et il dut essuyer l��tiquette pour que Regulus puisse la lire.
� Liqueur de C�pe Noir de Bulgarie�
� Tout � fait, se r�jouit Abelforth, je l�ai ramen�e apr�s un voyage, j�ai pens� que c��tait l�occasion de la d�boucher. Un ami m�en avait propos� un verre un jour, il ne faut m�me pas songer en boire si l�on n�aime pas la magie noire, mais, Regulus, ce n�est pas ton cas�
Regulus ne r�pondit rien, il se contenta de fixer avec avidit� l�int�rieur de la bouteille. Des volutes sombres miroitaient y miroitaient en tourbillonnant.
Abelforth d�boucha la bouteille et remplit deux verres � mi-hauteur.
� Il ne va quand m�me pas boire �a lui aussi ? s��tonna Hermione.
� Il a d� pr�voir son coup, r�pondit Ron. Il a peut-�tre d�j� pris un antidote !
Regulus et Abelforth trinqu�rent et burent une gorg�e de la liqueur.
Harry, Ron, Hermione et Ginny avaient cess� de faire semblant de discuter et observaient la sc�ne avec de grands yeux ronds.
Abelforth sembla grimacer et il secoua la t�te comme pour lutter contre l�effet de la liqueur. Regulus eut une r�action similaire, et pendant une bonne minute, ils ne parl�rent pas.
Abelforth se leva alors en murmurant quelque chose � l�adresse de Regulus. Puis, � la plus grande surprise de Harry, il vint � leur table.
� Vous allez partir ? merci d��tre venus dans mon auberge, on va arrondir �a � deux Gallions, je vous revois demain, n�est-ce pas ?
Tous parurent un peu d�contenanc�s mais Hermione fut comme � l�accoutum�e la premi�re � reprendre le contr�le de la situation.
� Oui, bien s�r, comme d�habitude, Laslo ! r�pondit-elle.
� Tr�s bien, c�est cela, r�pondit Abelforth, faisant semblant de r�cup�rer la monnaie de la main de Hermione.
� Derri�re la maison, il y a une porte qui donne au couloir derri�re le bar et aux toilettes, assurez-vous de neutraliser les trois Dragons restants, et sans faire de bruit, je m�occupe de Regulus, murmura Abelforth.
Tous les quatre se lev�rent et quitt�rent le bar, un peu surpris de l�annonce d�Abelforth. Mais Regulus n��tait pas dans un �tat qui aurait pu lui permettre de remarquer leur comportement suspect.
A l�ext�rieur, le froid �tait saisissant et ils s�arr�t�rent net sur le pas de la porte.
� Allons-y, on n�a pas de temps � perdre, pressa Hermione.
�L�auberge �tait une vieille maison en bois perdue au milieu d�un immense pr�. L�herbe �tait gel�e et craquait sous leurs pieds et le ciel �tait d�gag� de tout nuage, laissant appara�tre une myriade d��toiles. Ce calme n��tait perturb� que par quelques bourrasques qui agitaient des arbres dispos�s parcimonieusement.
Le pr� semblait border un grand lac gel� encaiss� au fond d�une longue vall�e, et nulle part il n�y avait trace d�habitations.
Harry, Ron, Hermione et Ginny ne perdirent pas de vue leur mission et ils contourn�rent l�auberge pour trouver la porte de derri�re.
En passant devant la fen�tre, Harry put entrevoir Abelforth et Regulus en train de boire un autre verre de la myst�rieuse Liqueur de C�pe Noir de Bulgarie.
La porte n��tait pas difficile � trouver, il n�y avait rien d�autre sur la fa�ade arri�re, pas m�me une fen�tre. Dans un grincement qui fut masqu� par le sifflement du vent, ils l�ouvrirent. Tout �tait sombre � l�int�rieur et ils durent allumer leur baguette pour se rep�rer.
Ils se trouvaient dans un �troit vestibule qui donnait sur un sombre couloir et un escalier droit tr�s pentu.
Ils avanc�rent lentement pour �viter de faire grincer le parquet. L�auberge semblait �tre un labyrinthe et le couloir faisait plusieurs angles ce qui rendait leur progression difficile s�ils ne voulaient pas �tre surpris.
� C�est par ici, chuchota Hermione en montrant une bifurcation du couloir. Les toilettes sont dans ce couloir.
Ils s�approch�rent lentement et entendirent plusieurs voix d�hommes.
� Quelle salet� ! Je ne sais pas ce qu�il nous a fait boire mais�
Mais la phrase ne fut pas termin�e et on entendit quelqu�un vomir.
� Bon allez, � trois on entre et on les stup�fixe, c�est d�accord ? proposa Ginny.
� Simple et efficace, r�pondit Harry. Un�, deux�
� Vous n�irez pas bien loin, couina une voix des plus d�sagr�ables pour les oreilles de Harry.
Tous les quatre se retourn�rent brusquement et point�rent leur baguette sur le petit homme qui les mena�ait.
Harry reconnut Walter, le visage envahi d�une expression de diabolique satisfaction.
� Rangez vos baguettes ! couina-t-il !
� Non, r�pondit simplement Harry.
� Ce ne sont pas quatre vieux de votre genre qui vont refuser de m�ob�ir ? g�mit-il.
� Qu�est-ce que vous voulez ? demanda Harry brutalement.
� Vous savez tr�s bien ! Je vous ai observ�s par la fen�tre en partant et j�ai tr�s bien vu votre petit man�ge, je savais bien que ce Laslo �tait un imposteur ! Qui �tes-vous ?
Harry ravala sa salive, Abelforth n�avait peut-�tre pas �t� assez prudent et ils n�avaient pas pens� aux fen�tres.
� Alors ? Je sais bien qu�il ne vous a pas fait payer, je vous ai vu faire semblant de lui donner de la monnaie, et vous n�avez cess� d�observer Regulus ! C�est Voldemort qui vous envoie pour l�espionner, c�est cela ?
Ron ne put s�emp�cher d��mettre un grognement grossier.
� N�importe quoi, ajouta-t-il.
� Menteurs ! aboya Walter, sa voix se faisant plus aigue.
Il leva sa baguette et s�appr�ta � attaquer Ron.
� Impedimenta ! riposta Hermione avant m�me qu�il ait eu le temps d�ouvrir la bouche.
Walter fut projet� en arri�re et s��crasa contre le mur derri�re. Il tenta alors de s�enfuir � quatre pattes dans le couloir mais un �clair rouge de stup�fixion de Harry l�immobilisa d�finitivement.
� Cette fois on peut y aller ! Un�, deux�, trois !
Ils ouvrirent la porte des toilettes � la vol�e et stup�fix�rent Stefan qui �tait pench� au-dessus d�un lavabo, en train de r�gurgiter un liquide d�un vert inqui�tant. Ils d�fonc�rent ensuite les portes des deux toilettes qui �taient verrouill�es et neutralis�rent Bj�rn et Frithjof de la m�me fa�on.
� Il vaut mieux enfermer Walter avec eux ici, et puis ce sera parfait, proposa Hermione.
� Oui, faisons vite, �a pue ici, r�pondit Ron avec sa d�licatesse habituelle.
Quelques secondes plus tard, leur mission �tait accomplie, et Abelforth ne risquerait plus d��tre d�rang� dans sa t�che ardue qui consistait � obtenir des informations sur Regulus et ses Horcruxes de la bouche m�me de celui-ci.
� Venez ici, il y a un moyen d��couter ce qui se passe dans la salle � c�t�, dit Hermione en ouvrant une porte un peu plus loin dans le couloir.
� On dirait que tu as toujours v�cu ici, rigola Ron.
� Il faut �tre un minimum observateur dans la vie, Ronnie, cela te tirera de bien des situations difficiles, r�pondit-elle avec bienveillance.
Il y avait en fait derri�re la porte un minuscule placard � balais dans lequel ils pourraient difficilement rentrer � quatre. Pourtant ils devraient y parvenir tant la vue sur la sc�ne qui se d�roulait dans la pi�ce principale de l�auberge �tait id�ale. Abelforth avait probablement d� am�nager sp�cialement ce placard � balai � cet effet.
Non seulement ils entendaient parfaitement toute la conversation entre Abelforth et Regulus, comme si un enchantement amplifiait le son, mais des trous entre les planches leur permettaient en plus de voir la sc�ne lat�ralement, c�est-�-dire qu�ils pouvaient voir les visages et d�Abelforth et de Regulus.
� Ah, Regulus, il va falloir entra�ner encore tes hommes, dit Abelforth d�un ton las. S�ils ne tiennent pas tr�s bien l�alcool, ils seront fragiles en combat�
� Tu as raison, et pourtant j�ai choisi parmi les sorciers les plus robustes�
� Quand j�entends ce que l�on me dit sur ces idiots de Mangemorts, je me dis que tes troupes sont bien plus puissantes que celles de Voldemort, continua Abelforth, amenant lentement la conversation vers le sujet qui l�int�ressait.
� Les Mangemorts ne sont pas un probl�me, r�pondit Regulus froidement. Ce sont de vrais guignols�
� Il ne faut pas les n�gliger pour autant�
� Certes, mais ils sont perdus sans Voldemort. Je fais en sorte que mes Dragons sachent agir par eux-m�mes. Je ne choisis pas n�importe qui, nous partageons les m�mes valeurs, ils ne me suivent pas parce qu�ils me craignent mais parce qu�ils partagent profond�ment mes id�es.
� Quelles sont tes id�es ? demanda Abelforth sur un ton h�sitant.
Regulus ne r�pondit pas imm�diatement. Il but un autre verre avant de r�fl�chir � sa r�ponse. Son esprit semblait totalement embrum�, et une force contre laquelle il ne pouvait lutter le poussa � parler.
Tout cela sembla se lire sur son visage, et Harry d�cela un regard � la fois confus et perdu. Il craignait d�ailleurs un peu que lorsque l�effet des potions se serait dissip�, Regulus ne se rend�t compte de ce qu�Abelforth l�avait forc� � r�v�ler.
� Nous devons couper tous liens avec les Moldus. Le m�lange de nos communaut�s conduira � notre perte. Notre sang est en permanence souill� et cela d�truit la puret� de notre magie.
� Certes, r�pondit Abelforth. Mais ce sont les th�ses que d�fend Voldemort. Je ne comprends pas pourquoi est-ce que tu t�es s�par� de lui ?
� Je n��tais pas d�accord avec ses m�thodes. Il le savait et cela l�insupportait. Tous ses Mangemorts v�n�rent ses moindres faits et gestes, ce n��tait pas mon cas et nous �tions incompatibles. S�il recherche le symbole, je recherche l�efficacit�.
� Je pense que tu as aussi d�autres ambitions ? Prendre sa place, par exemple�
Regulus sembla un peu mal � l�aise. C��tait quelque chose qu�il ne voulait visiblement pas avouer.
� Mon ambition est simplement de faire triompher le monde que je crois le meilleur pour nous, sorciers.
� Par quelle m�thode ?
� Peu importe la m�thode, l�essentiel est le r�sultat, r�pondit Regulus un peu froidement.
Harry eut un frisson dans le dos en s�imaginant qu�il serait pr�t � massacrer des centaines de Moldus pour parvenir � ses fins.
� C�est vrai que Voldemort a �chou� ajouta Abelforth.
� Voldemort pense plus � lui qu�� la protection de cet id�al pour notre communaut�
� Alors c�est un ennemi pour toi ?
� Oui, r�pondit froidement Regulus.
Il y eut un long silence. Harry repensa � la nouvelle proph�tie, et aux discussions qu�ils avaient eues avec Abelforth � propos d��ventuelles alliances. Le fait que Regulus consid�re Voldemort comme un ennemi le rassurait un peu, mais le reste de la discussion lui donnait froid dans le dos.
� A partir du moment o� il me met des b�tons dans les roues, oui, c�est un ennemi, ajouta Regulus.
� C�est aussi un ennemi personnel, je suppose ? demanda Abelforth. Tu m�as d�j� dit qu�il veut te tuer, et qu�il l�a d�j� fait. Fort heureusement tu as surv�cu, mais cela a d� laisser des traces dans votre relation.
� Si j�essaie de te tuer, forc�ment, tu me consid�reras comme un ennemi, r�pondit Regulus, qui s��tait avachi sur le dossier de sa chaise tant il semblait faiblir.
� Voldemort est tr�s fort, poursuivit Abelforth. Tant de personnes ont essay� de le vaincre, mais � chaque fois il a surv�cu, et il est revenu�
� Je l�ai fait aussi, r�pondit Regulus. Il m�a tu�, et pourtant je suis revenu. Mais il y a une diff�rence fondamentale entre nous.
� Une diff�rence fondamentale ? s��tonna Abelforth.
Harry ne put s�emp�cher de sourire, il savait qu�Abelforth avait r�ussi en menant la conversation sur ce sujet.
� Voldemort a laiss� trop d�indices� je sais d�ailleurs que quelqu�un est parfois pass� avant moi. Et je suis quasiment certain de son identit�.
� Je ne comprends pas tr�s bien, demanda Abelforth. Quelqu�un veut d�truire Voldemort ?
� Ne sois pas na�f, Laslo�
� Tu veux parler d�Harry Potter ?
� Bien s�r, et au fond, nous sommes alli�s�
Harry manqua de s��trangler en ravalant sa salive et il �mit un toussotement qui se fit entendre. Regulus sembla ne rien remarquer mais Abelforth tourna l�g�rement la t�te vers eux. Finalement, il servit un autre verre � Regulus.
� Donc si je comprends bien, Voldemort a laiss� des indices qui peuvent conduire � sa perte ?
� Exactement.
� Ce que toi tu n�as pas fait ? demanda Abelforth.
� Oui, personne ne trouvera les objets qui me prot�gent, il n�y a pas d�indices, aucune logique derri�re tout cela. Je suis invincible et pas m�me Voldemort ne peut me faire du mal. Bient�t, il sera d�truit.
� C�est une bonne chose, r�pondit Abelforth en buvant une autre gorg�e de liqueur.
� Oui, et je n�ai m�me pas � faire le travail, c�est tellement fascinant de savoir que Harry Potter le fait pour moi. Il ne me restera plus qu�� mettre fin aux jours de Voldemort lorsqu�il sera redevenu mortel, une douce vengeance�
� C�est intelligent, admit Abelforth.
� La principale difficult� est de savoir o� en est Harry Potter. Depuis que Dumbledore est mort, ce sera plus simple de le faire surveiller, je vais m�y atteler dans les prochaines semaines, et si c�est n�cessaire, je lui donnerai un coup de main de temps en temps�
� Tu es vraiment s�r que ce petit gar�on a les moyens de faire tout cela ?
� Il ne faut pas le sous-estimer. C�est l�une des plus grandes erreurs de Voldemort. Je l�ai vu combattre, ses pouvoirs sont cons�quents, et il semble �tre sur une bonne voie pour progresser encore.
� C�est un danger pour toi aussi, alors ?
� Evidemment, et il reste un de ces sales protecteurs des Moldus.
� Cela te fait beaucoup d�ennemis, r�pondit Abelforth. Ton arm�e n�est pas encore suffisamment forte.
� Elle est peut-�tre moins grande, mais nous sommes bien mieux entra�n�s, et nous nous comprenons parfaitement. Mais ne t�inqui�te pas pour mon arm�e, Laslo, elle va encore s�agrandir. D�s que les dragons seront ma�tris�s, j�ai pour projet de prendre le contr�le de l��cole Durmstrang pour qu�elle forme directement mes troupes. Il y a l�-bas un nid de futurs Dragons qu�il ne faudrait pas n�gliger.
Abelforth ne r�pondit pas imm�diatement. L�information �tait inqui�tante, mais il �tait bon de la savoir.
� Cela ne sera pas facile de r�ussir cela � Durmstrang, plusieurs voyageurs qui sont pass�s par mon auberge m�en ont parl�. L�enseignement se fait uniquement au service de la magie noire. Ils n�acceptent pas que certaines personnes tentent de d�tourner cet objectif.
� Ce sera certainement plus difficile de faire cela � Durmstrang qu�� Poudlard, c�est vrai, admit Regulus, mais d�autres l�ont fait avant moi.
� Voldemort n�a jamais r�ussi � en prendre le contr�le. Karkaroff avait lamentablement �chou� � avoir une quelconque influence�
� Je croyais qu�il avait quitt� les Mangemorts lorsqu�il est devenu Directeur ? demanda Harry � l�oreille de Hermione.
� Karkaroff avait d�j� �t� professeur � Durmstrang bien avant, lorsqu�il �tait encore Mangemort, je l�ai lu dans�
� L�Histoire de Durmstrang ? coupa Ron. Ne me dis pas que ce livre existe vraiment ?
� Non, mais il y a une myriade de livres sur cette �cole. C�est vrai que si l�on �limine les livres stupides qui s�interrogent sur sa localisation, il n�en reste que peu qui sont int�ressants, mais quand m�me, il y a tant de merveilles � Durmstrang. Victor m�avait tout racont�, j�aimerais la visiter, mais seuls les �l�ves inscrits peuvent s�y rendre et sa localisation est gard�e par un enchantement semblable � celui du Gardien du secret.
� Hum�
Abelforth avait toussot� de fa�on prononc�e. Harry, Ron, Hermione et Ginny se sentirent un peu coupables et se turent pour �couter la suite de la conversation.
� J��tais convaincu que le seul moyen de devenir immortel �tait de poss�der la Pierre Philosophale, personne ne m�a jamais parl� d�un autre moyen�
� Evidemment, il y a tr�s peu de sorciers qui le connaissent. Il faudrait de toute fa�on des pouvoirs immenses, et aussi commettre l�irr�parable�
� L�irr�parable ?
� Un meurtre.
Abelforth fit semblant d��tre choqu�.
� Mais tu sais, sacrifier un Moldu inutile, ce n�est pas si grave que cela, Laslo. Il me suffit ensuite de placer un morceau de mon �me dans un objet � la suite de ce meurtre, et tant que cet objet � appel� Horcruxe � est en s�curit�, je ne peux �tre tu�.
� C�est fascinant, r�pondit Abelforth. Ce sont donc les indices dont tu me parlais tout � l�heure.
� Exactement.
� Mais alors comment quelqu�un aurait-il pu trouver ceux de Voldemort ? Il suffit de prendre n�importe quel objet et de le cacher dans un endroit o� personne n�a une chance de les trouver�
� Ca parait logique, mais Voldemort, qui se pense plus important, n�a pas choisi n�importe quels objets, mais seulement des objets symboliques pour lui. Il suffit de le conna�tre un peu pour retrouver leur trace. Il ne s�est en plus pas content� de cela, il les a aussi cach�s dans des endroits qui ont marqu� sa vie.
� Alors, tu en as fait ? Des�
� � Horcruxes. Oui, r�pondit Regulus, j�en ai fait trois, des objets absolument introuvables que je n�aurais moi-m�me presque aucun moyen de r�cup�rer.
� Comment �a ?
� Trois galets, un que j�ai accroch� au cou d�un oiseau migrateur qui ira se perdre sur je ne sais quel continent, un autre que j�ai d�pos� sur un iceberg qui va naviguer sur les oc�ans et fondre pour lib�rer le galet qui tombera jusqu�au fin fond des oc�ans, et le dernier que j�ai �ject� dans l�espace et qui explorera les profondeurs infinies de l�univers.
Abelforth cacha difficilement son immense d�ception.
Harry, Ron, Hermione et Ginny se regard�rent avec un air impuissant. Trouver les Horcruxes de Voldemort �tait une mission presque impossible, mais ce n��tait rien par rapport au probl�me que repr�sentaient ceux de Regulus.
� Les sortil�ges d�Attraction doivent suffire, non ? demanda soudain Ron avec un grand sourire.
� A une si longue distance ? demanda Hermione. Personne n�est capable de produire un sort si puissant.
Abelforth ne sut pas quoi r�pondre pendant une longue minute. Son plan avait fonctionn� � merveille, Regulus lui avait absolument tout racont�. Mais au lieu d�apprendre des d�tails pr�cis sur ses Horcruxes, ils avaient appris qu�ils n�auraient aucune chance de les d�truire un jour. Une semaine de travail pour r�ussir � le faire parler s��taient donc sold�e par la pire des nouvelles.
Harry avait eu ce mauvais pressentiment que cette journ�e maudite ne pouvait pas se terminer d�une fa�on positive. Non, il �tait n�cessaire qu�elle se termin�t par une autre mauvaise nouvelle, ou par un �v�nement catastrophique.
Regulus semblait avoir retrouv� ses esprits, le fait de se rendre compte � quel point il �tait invincible l�avait revigor�. Il avait abandonn� sa mine livide, et ses cheveux s��taient comme redress�s, comme s�il avait repris vie, retrouv� toute son �nergie.
On entendit alors une explosion et les planches du mur � c�t� du bar vol�rent en �clat.
Harry fut horrifi� en voyant surgir Walter, suivi de Bj�rn, Frithj�f et Stefan.
� O� sont-ils ? hurla Walter en pointant Abelforth de son minuscule doigt.
� Qui ? demanda Abelforth, qui semblait toujours aussi d�sempar�, arborant l�expression de quelqu�un pris la main dans le sac.
� C�est un espion ! poursuivit Walter, hurlant de plus en plus fort. Les autres qui �taient l� tout � l�heure sont ses complices, ils nous ont attaqu�s et enferm�s ! C�est un espion !
Regulus se leva brusquement, les cris de Walter semblaient l�avoir ramen� � la r�alit�.
Mais il n�allait pas bien, les potions qu�Abelforth lui avait fait boire le rattrap�rent et il se mit � tituber avant de s��crouler.
� Regulus ! s��cri�rent alors les quatre Dragons en se pr�cipitant sur lui.
� Draconis furiosa ! ajouta Walter en direction d�Abelforth.
Des volutes de lumi�re orang�e et dor�e l�envelopp�rent avant m�me qu�il ait eu le temps de r�agir. Lentement, elles prirent la forme de dizaines de dragons miniatures qui tournoy�rent autour de lui, passant m�me � travers son corps.
� Non ! s��cria Harry, d�fon�ant le mur avec un sortil�ge d�Explosion.
Lentement, Abelforth s�effondra. Il n�avait rien pu faire, encore p�trifi� par l�annonce de Regulus.
� Ah, vous revoil� ! Bande de cornichons, vous ne pouvez plus rien cette fois ! couina Walter.
� Qu�est-ce que vous lui avez fait ? hurla Harry.
� Rien de bien m�chant, Regulus voudra certainement l�interroger. Mais si vous continuez, les choses vont r�ellement mal tourner pour vous ! Posez vos baguettes imm�diatement.
� Jamais ! Biancker !
Un �clair blanc traversa les airs et les quatre Dragons tomb�rent au sol, paralys�s pour quelques secondes.
� Vite, stup�fixons-les !
Abelforth n�avait toujours pas esquiss� le moindre mouvement, mais ils furent rassur�s de constater qu�il respirait normalement.
� Il faut partir d�ici, Regulus commence � bouger, pressa Hermione. L�essentiel est de sauver Abelforth. Maintenant on a eu toutes les informations qu�on voulait, ce serait inutile de prendre des risques.
Elle se pencha sur Abelforth et lui appliqua des sortil�ges que Harry ne connaissait pas.
� Hermione d�p�che-toi, Regulus commence � bouger.
Ce dernier �mit un g�missement prononc� et tenta de se redresser.
� Je fais de mon mieux ! r�pondit-elle, et puis, stup�fixez-le !
Abelforth se redressa alors brutalement et regarda autour de lui, l�air sonn�.
� Suivez-moi ! dit-il alors, comme s�il venait d�avoir une r�v�lation.
� Qu�est-ce que l�on va faire d�eux ? demanda Hermione, inqui�te.
� Tant pis pour eux, ce n�est pas le plus important maintenant, il faut faire fuir les dragons tant qu�ils sont neutralis�s. Ce sera une bonne chose de faite.
On entendit alors un hurlement bestial � l�ext�rieur de l�auberge.
� Qu�est-ce que c�est ? s�inqui�ta Hermione.
� On dirait bien un dragon, r�pondit Abelforth. J�ai suffisamment entendu les Su�dois � Museau Court que Regulus �l�ve pour en �tre s�r.
Ginny s�approcha de la fen�tre pour regarder � l�ext�rieur.
� Ahhhhh !
La fen�tre se brisa et la t�te d�un dragon apparut.
Il observa l�int�rieur de la pi�ce puis poussa un autre grognement.
� Ce doit �tre le dragon que Regulus �l�ve, il a d� sentir qu�il est en danger.
� Attention ! hurla Hermione.
Tous se retourn�rent brusquement. Regulus s��tait relev� et semblait avoir retrouv� la forme.
Harry repoussa un intense �clair violet avec le sortil�ge de la Capsule.
Regulus ne sembla pas s�attendre � une telle riposte et la capsule dor�e qui avait fonc� vers lui le heurta violemment.
Lentement, l�effet du polynectar prit fin et ils reprirent leur apparence habituelle. Regulus devait de toute fa�on avoir compris � qui il avait affaire et il �tait inutile d�en reprendre.
Abelforth �tait en train de combattre le Su�dois � Museau Court qui lui envoyait des flammes gigantesques. Plusieurs murs s�enflamm�rent et tous s�associ�rent pour lutter contre le feu.
� Thundereplix ! tonna Abelforth, d�cha�nant un orage dans le salon.
Des trombes d�eau s�abattirent alors sur eux et le dragon recula.
Harry se tourna vers Regulus pour continuer de le combattre. Peu importe s�il �tait immortel, il fallait lui faire le plus de mal possible.
� Poisonnus shoot !
Une Fl�che de Mort fusa vers Regulus qui la d�truisit d�un coup de baguette magique. Il avait compris l�ampleur du combat qui l�attendait, et il s��tait pr�par� � user de tous ses moyens, peu importe son �tat.
� Xa�la !
Une vague de lumi�re rouge fon�a sur Harry qui se prot�gea avec un D�me. Mais il ne put contenir l�ensemble du sort et l�auberge enti�re trembla, commen�ant alors lentement � s�effondrer sur elle-m�me, ses fondations d�truites par la puissance du mal�fice de Regulus.
� Gravitatum expulso ! cria la voix d�Abelforth quelque part derri�re lui.
L�auberge enti�re sembla alors s�envoler dans les airs, d�sint�gr�e en des milliers de planches, d�bris de meubles et gravats.
Harry fut propuls� en avant comme par une force invisible.
Il retomba dans l�herbe une dizaine de m�tres plus loin. L�auberge avait disparu, � la place, il y avait un crat�re d�une dizaine de m�tres de diam�tre au-dessus duquel Abelforth l�vitait.
Les d�bris de l�auberge retomb�rent un peu partout et Harry s�en prot�gea tant bien que mal avec des sortil�ges d�expulsion.
Un hurlement per�a � nouveau la nuit. Le dragon de Regulus tournoyait dans les airs au-dessus d�eux. Il cracha une gigantesque flamme qui illumina les alentours.
� Partons d�ici ! hurla Abelforth.
Hermione, Ron et Ginny s��taient lev�s � son plus grand soulagement et ils rejoignirent Abelforth.
� Harry ! hurla Ginny.
� Attention ! ajouta Hermione.
Regulus s��tait relev�, quelques m�tres derri�re Harry. Il semblait un peu secou�, mais il avait sa baguette dans ses mains.
Le dragon fon�a alors vers lui, se posant � ses c�t�s. Regulus l�enfourcha et apr�s un autre cri de l�imposante cr�ature, ils s�envol�rent pour dominer la sc�ne.
� Harry, transplane ! hurla Hermione au loin.
� Je dois le combattre, je ne suis pas un l�che ! r�pondit Harry.
Le dragon lui envoya une flamme gigantesque qu�il annula avec un immense Serpent d�Eau qui lui demanda toute son �nergie.
� Thundereplix ! hurla ensuite Harry.
Des nuages noirs envahirent le ciel nocturne, masquant les �toiles et la lune. Plusieurs �clairs travers�rent le ciel dans un fracas assourdissant.
Regulus, par sa position dans les airs, �tait particuli�rement vuln�rable � cette foudre, et Harry put reprendre son souffle.
� Harry, viens ! r�p�ta Abelforth, les autres Dragons arrivent, on ne pourra rien faire, surtout apr�s une telle journ�e !
En effet, au loin dans les airs, on voyait s�approcher cinq autres dragons, chevauch�s par des camarades de Regulus, pr�ts � venir combattre.
� Pierris tornadis ! poursuivit Harry, qui voulait faire le plus de mal possible � Regulus avant de partir.
Une tornade s��leva dans un bruit de souffle et de raclement. Des rochers de la taille d�une voiture furent arrach�s du sol et tournoy�rent dans les airs, m�l�s � de la fine poussi�re.
Mais Regulus s��tait d�barrass� de la foudre, et il reprit le contr�le de la situation pour faire face � la tornade qui s�approchait dangereusement de lui.
� Gravitatum expulso !
Tous les d�bris rocheux furent violemment projet�s loin de lui et Harry fut surpris par cette r�action.�
� Harry ! hurla Hermione une nouvelle fois.
Il fit appara�tre un �norme Bouclier d�Argent qui se plia et disparut en recevant un rocher �norme.
Regulus avait repris le contr�le du combat en un claquement de doigt : il avait utilis� le bon sort au bon moment.
Harry esquiva ensuite un �clair vert de mort parfaitement dirig� vers lui avec un autre Bouclier d�Argent.
Regulus s�approchait dangereusement de lui et il �tait bien plus rapide pour esquiver les sorts tant le dragon qu�il chevauchait �tait agile.
Harry comprit qu�il n�avait aucune chance en voyant tous ses sorts dispara�tre dans les airs bien � c�t� de leur cible.
� Harry, tu vas te d�cider � partir, oui ou non ? demanda Ginny.
Regulus lui lan�a un �norme �clair vert qui fit presque fondre son Bouclier d�Argent. Cette fois il se d�cida et transplana.
� Oui on y va ! hurla-t-il.
Ses amis transplan�rent quelques secondes plus tard et ils se retrouv�rent �parpill�s dans le jardin d�Abelforth ; dans la pr�cipitation, leur transplanage avait �t� bien moins pr�cis.
� On l�a �chapp� belle, souffla Abelforth, qui s��tait avachi sur une chaise de jardin.
� Cette journ�e est une catastrophe, je crois que l�on ferait mieux d�aller se coucher, r�la Harry, qui n�avait plus aucune force en lui.
� Je suis tr�s inquiet � propos de Regulus, ajouta Abelforth, qui n�avait pas vraiment envie de partir se coucher. Je pense que nous ne d�truirons jamais ses Horcruxes, il va falloir nous concentrer s�rieusement sur ceux de Voldemort et les d�truire le plus rapidement possible sans que personne n�en sache rien. Visiblement Regulus sait lui aussi beaucoup de choses et il est bien mieux qu�il ne soit pas au courant. Si l�on arrive ainsi � accomplir la premi�re partie de la proph�tie, ce sera d�j� un �norme pas, Regulus n�est pas une priorit� pour le moment, et au vu de l��tendue de ses pouvoirs et des capacit�s de son arm�e, il vaut mieux se tenir � distance de lui.
� Je crois effectivement que c�est la meilleure chose � faire, concentrons-nous sur Voldemort, ajouta Hermione.
� Tr�s bien, je vous recommande vraiment d�aller vous coucher d�s maintenant, poursuivit Abelforth. La journ�e a �t� �puisante physiquement et �motionnellement pour vous. Je vous contacterai demain pour une r�union exceptionnelle. Il faudra vraiment faire le point sur l�avancement de notre recherche des Horcruxes. T�chez de passer une bonne nuit et Harry, n�oublie pas de fermer ton esprit.
De retour � Poudlard, Harry, Ron, Hermione et Ginny ne dirent quasiment pas un mot sur le chemin de la salle commune. Ils �taient compl�tement sonn�s, revivant en boucle les �v�nements tragiques de la journ�e.
Harry se demandait s�il pourrait un jour l�oublier tant il en connaissait les moindres d�tails par c�ur. D�abord ces r�ves flous o� il avait vu le visage de Voldemort, puis les sombres mesures du minist�re annonc�es par La Gazette du Sorcier, l�annonce de l�enl�vement de Maugrey et Mrs Bett, les combats au minist�re de la Magie, la vision d�horreur de l��tat de Mrs Bett et Maugrey, mutil�s et tortur�s par les Mangemorts, les Moldus massacr�s dans l�attaque, le terrible combat contre Voldemort qui avait voulu assassiner Ginny, la lourde chute du professeur Tanghuda� depuis le haut de l�aile Ouest, l�exploration des sous-sols du Donjon de l�aile Sud, le myst�rieux fant�me nomm� Basile Serpentard sur la Carte du Maraudeur, la discussion avec Lupin durant laquelle il lui avait presque tout r�v�l�, les graves blessures de Tonks et l�annonce de la chute du minist�re, un espoir de bien courte dur�e, puis la d�chirante fin de Hagrid, le premier sorcier qu�il ait rencontr�, l�annonce de la reprise du contr�le du minist�re par les Mangemorts, et enfin les r�v�lations d�sesp�rantes de Regulus sur ses Horcruxes et le combat o� il a tant sembl� invincible.
Tout cela embrumait trop l�esprit de Harry pour qu�il p�t s�endormir dans de bonnes conditions. Il s�effor�a tant bien que mal de vider son esprit de toutes ses pens�es, mais il tomba de fatigue avant d�avoir r�ussi.
Comme il avait pu le craindre, il passa l�une des pires nuits de sa vie. Non seulement il v�cut � nouveau tous ces �v�nements dans les moindres d�tails, mais son imagination lui joua des tours. Il r�va que Voldemort le torturait, puis torturait et tuait Ginny et tous ses amis devant ses yeux. Enfin, alors qu�il �tait attach� � une tombe dans un sombre cimeti�re, Nagini le d�vorait lentement sous les rires diaboliques de Voldemort.
Son r�ve sembla alors devenir plus r�el. Il �tait dans la peau de Voldemort. Il tua deux Moldus terrifi�s avec des mal�fices de Mort et cela lui procura un sentiment de puissance et une satisfaction incroyables. Nagini en d�vora ensuite les d�pouilles dans un bain de sang.
Le r�ve changea � nouveau, il �tait Nagini et il rampait au sol, sur des dalles humides. Quelques m�tres plus loin, il y avait un corps nu �tendu sur le sol.�
A sa plus grande horreur, il reconnut Ginny. Mais il ne pouvait rien faire, il ne se contr�lait pas. Il commen�a lentement � la d�vorer, hurlant int�rieurement pour faire cesser cet horrible cauchemar.
Lorsqu�il rouvrit enfin les yeux, il faisait jour. Abelforth �tait pench� sur lui, entour� de Ron, Hermione et Ginny. Sa cicatrice lui faisait tellement mal qu�il se demandait si la douleur �tait r�elle ou non. C��tait comme s�il n�avait pas dormi, il �tait �puis�, et il n�avait m�me pas la force de sentir son corps.


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