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Harry fut pris instantanément de panique. Mrs Bett ne répondait pas, et le fait d’être désillusionnés n’aiderait pas à la retrouver.
Le vent soufflait très fort, produisant des sifflements inquiétants. Les Détraqueurs se rapprochaient de plus en plus, leur influence effrayante se faisant sentir de plus en plus.
Il y eut une bourrasque plus forte que les autres, qui dégagea temporairement la brume. Harry put brièvement apercevoir l’immense gouffre. Il y avait des dizaines de tours et de murailles de pierre placées de manière à dessiner une immense Marque des Ténèbres. Le tout baignait dans une brume obscure, d’où s’échappaient des lueurs vertes, donnant au tout un aspect lugubre et terrifiant.
– Harry !
Harry revint à la raison en entendant ce cri d’Abelforth qui s’était désillusionné et se trouvait à quelques mètres de lui.
Les Détraqueurs approchaient dangereusement et l’un d’eux effleura Harry, le surprenant au point qu’il faillit tomber de son balai.
Abelforth avait produit une légère Vague de Force Blanche pour s’entourer d’un cocon protecteur afin de repousser les Détraqueurs les plus agressifs.
– Enmageznem !
Harry émit à son tour un halo blanc réconfortant dont il contrôla la puissance pour éviter qu’ils ne fussent repérés.
Des dizaines d’éclairs fusèrent alors dans tous les sens, en provenance du Gouffre des Ténèbres.
– Harry, fuyons ! tonna Abelforth.
Tous les deux foncèrent alors sur leur balai, prenant la direction de l’école. Les Détraqueurs les suivirent pendant un long moment, avant de progressivement disparaître, ne pouvant suivre leur rythme.
Harry et Abelforth stoppèrent leur course lorsqu’ils furent suffisamment éloignés.
– Que fait-on ? On ne peut pas la laisser ! s’exclama Harry.
– Que peut-on faire, nous ne pouvons pas la retrouver dans cette brume ? Je suis certain qu’elle s’est perdue mais qu’elle nous rejoindra. Peut-être est-elle déjà revenue au parc, nous devrions retourner voir.
Lorsqu’ils rejoignirent le reste de l’Ordre du Phénix, leurs amis furent à la fois soulagés de les voir revenir et inquiets de voir qu’ils n’étaient que deux.
– Mrs Bett n’est pas là ? demanda Lupin.
– Elle n’est pas revenue ? demanda Harry
– Allons la chercher ! tonna Maugrey
– Attendez !
Mais Maugrey avait foncé.
Harry et Abelforth enfourchèrent à nouveau leurs balais. Mais à mi-chemin du Gouffre des Clordes, ils arrivèrent sur les lieux d’une bataille fort déséquilibrée.
Mrs Bett était en train d’esquiver avec une grande habileté une pluie de maléfices venant de plusieurs Mangemorts qui étaient également sur balai.
– Ahaha !
– Bande de lâches ! hurla Maugrey qui venait à son tour d’arriver.
Il envoya plusieurs maléfices qui touchèrent un Mangemort qui tomba de son balai et disparut dans les arbres en-dessous.
Le combat changea et les Mangemorts unirent leurs forces contre Maugrey qui ne se démontait pas, faisant apparaître des boucliers à toute vitesse pour repousser les attaques.
Harry et Abelforth se joignirent à lui, accompagnés de Mrs Bett qui avait enfin dégainé sa baguette.
– Poulouloum ! s’écria-t-elle, visant l’un des Mangemorts, qui fut touché par un éclair bleu ciel.
Il se mit à se contorsionner dans tous les sens, perdant le contrôle de son balai et s’écrasant à son tour dans les arbres plus bas.
Même si les Mangemorts étaient bien plus nombreux, ils faisaient face à plus fort qu’eux et, lorsqu’Abelforth en eut paralysé trois d’un coup en leur envoyant une pluie d’étoiles dorées, ceux qui avaient résisté rebroussèrent chemin.
– C’est ennuyeux que nous ayons été aperçus, dit Abelforth. Maintenant Voldemort connaît nos intentions. J’aurais préféré qu’il apprît le plus tard possible que nous nous positionnons autour du Gouffre. Il nous faut capturer et enfermer les Mangemorts qui sont tombés, cela en fera toujours moins à affronter par la suite.
Ils descendirent groupés jusqu’à la cime des arbres. L’un des Mangemorts était tombé dans un immense conifère semblable à un séquoia et semblait inconscient, gisant sur une branche. Abelforth sortit de sa poche une petite boîte contenant une grosse bille de verre qui était un Portoloin. Il la fit léviter avec sa baguette jusqu’à ce que le Mangemort la touche de sa main et celui-ci disparut instantanément.
– Où est-il parti ? demanda Maugrey.
– Oh, j’ai conçu un endroit pour emprisonner nos ennemis, il est bien enfermé et n’en sortira que si je le décide. Trouvons les autres.
Ils descendirent dans la Forêt Interdite, qui était toujours aussi sombre et inquiétante. La lumière du jour atteignait difficilement le sol et les ombres projetées par les arbres semblaient parfois dessiner des silhouettes.
Le vent ne parvenait pas à s’engouffrer entre les arbres et un certain silence régnait. Seuls quelques bruits de créatures effrayées par leur présence, et qui remuaient les buissons en fuyant, se faisaient entendre.
Harry aperçut une ombre bouger et disparaître derrière un énorme tronc d’arbre. Tous avaient leur baguette dégainée, prêts à se défendre.
Il y eut un autre bruit venant de derrière eux et ils se retournèrent brutalement. Un Centaure qu’Harry ne connaissait pas se trouvait face à eux, tapant avec ses sabots sur le sol d’un air menaçant. Il avait le corps blanc de longs cheveux blonds, et de grands yeux vert émeraude.
– Qui êtes-vous ? demanda-t-il d’une voix grave.
– Bonjour, je suis Abelforth Dumbledore, nous sommes de Poudlard, nous venons en reconnaissance dans la Forêt Interdite en vue d’en expulser les Mangemorts.
Deux autres Centaures avaient fait leur apparition, que Harry ne connaissait pas. Ils avaient l’air tout aussi énervés et pointaient leur arc sur eux.
– Ce territoire est le nôtre, nous ne voulons pas être dérangés, vous n’avez rien à faire ici, humains, tonna le Centaure.
– Je comprends votre courroux, répondit Abelforth le plus calmement du monde, mais je pense qu’il est de notre intérêt commun de nous débarrasser des Mangemorts qui j’en suis certain ne vous veulent pas du bien. Nous n’avons pas vocation à rester ensuite dans la Forêt, nous sommes bien mieux au chaud dans notre château.
– Nous n’avons pas confiance en vous les humains !
– Je peux vous comprendre, j’imagine que les Mangemorts n’ont pas dû se montrer agréables avec vous, nous allons faire en sorte qu’ils quittent la Forêt.
– Nous pouvons nous défendre nous-mêmes, répondit le Centaure d’un ton glacial. Je ne sais pas si l’on peut avoir confiance en vous, humains.
– Atlas, laisse-les, ils ne nous veulent aucun mal, dit une voix qu’Harry reconnut.
Bane venait d’arriver à son tour, au plus grand soulagement d’Harry, qui n’aimait pas la tournure que prenait la situation.
– Bane, ravi de te revoir, cela fait une éternité, dit Abelforth.
– Abelforth, il en est de même pour moi, répondit Bane. Nous sommes dans une période sombre. Les guerres des humains menacent notre territoire, et les Mangemorts nous attaquent tous les jours. Mais nous pouvons difficilement les repousser tant ils sont nombreux. Il se passe des choses très sombres dans cette forteresse.
– Bane, tu me connais, je serai toujours là pour vous défendre lorsque les humains ne vous respectent pas. Peux-tu m’en dire plus sur la forteresse ? Il nous faudra associer nos forces si nous voulons la détruire.
– Les Mangemorts pratiquent des croisements horribles sur les créatures, qui vont à l’encontre de toutes les lois de la nature. Ils veulent essayer de capturer certains d’entre nous pour nous utiliser comme des armes.
– J’ai entendu cela effectivement. Quels sont les défenses de la forteresse ?
– Nous ne nous approchons pas, Abelforth, c’est trop risqué. Mais je sais que les murailles sont infranchissables et protégées par des maléfices. Nous avons dû fuir cette zone, notre territoire est maintenant considérablement réduit et nous ne pourrons le tolérer longtemps.
Il y eut un flash lumineux et un éclair fonça sur un Centaure qui poussa un hurlement. Les Mangemorts qui étaient tombés s’étaient ranimés et avaient attaqué les Centaures.
– C’est suicidaire de leur part, dit Abelforth en ricanant.
En une fraction de secondes, ils étaient désarmés, l’un d’entre eux frappé mortellement par une pluie de flèches, et l’autre écrasé sous le sabot de l’un des Centaures qui lui avait bondi dessus.
– Les Mangemorts s’aventurent souvent hors de la forteresse ? demanda Abelforth.
– Ces derniers temps ils se sont beaucoup repliés à l’intérieur, mais au début on les voyait souvent explorer la Forêt. Il y a eu plusieurs altercations avec eux et plusieurs d’entre nous ont été blessés. Nous restons toujours groupés maintenant au cas où ils nous attaquent.
– D’accord, Bane, soyez prudents. Quant à nous, l’Ordre du Phénix effectuera des reconnaissances de la Forteresse dans les prochains jours pour nous préparer à l’attaquer, vous pouvez compter sur nous mais ne soyez pas surpris si vous nous voyez dans la Forêt Interdite.
– Ne t’inquiète pas, Abelforth, nous vous laisserons tranquilles.
Ils retournèrent au camp de l’Ordre du Phénix à l’orée de la Forêt Interdite, où l’inquiétude régnait. Ce fut un soulagement pour tous de les voir revenir.
Les travaux avaient bien avancé et les elfes avaient fait un travail merveilleux. Le tunnel qui mènerait à Poudlard avait bien avancé, et une tour en pierres avait été construite au niveau des premiers arbres, dépassant légèrement leur cime. Sur un feu magique, Mrs Weasley était en train d’y cuisiner le repas du midi et tous firent une pause dans leurs travaux.
Il y avait plusieurs tables en bois et des bancs, abrités par une grande tente, dans laquelle ils se rassemblèrent.
– Je vous ai préparé une bonne soupe et du vin chaud ! dit-elle joyeusement.
– De la soupe ? dit Ron l’air déçu.
– Oh ce n’est pas tout, tu ne mourras pas de faim, j’ai préparé du cake et du gratin de citrouilles !
Lupin avait sorti une carte topographique sur laquelle ils tentèrent de localiser le gouffre.
– Nous l’avons clairement aperçu à ce niveau-là, pointa Abelforth sur la carte.
– Il y avait d’innombrables tours, cela dessinait une Marque des Ténèbres vu du ciel.
– Oui, elles étaient reliées par des murailles qui dessinaient une sorte de labyrinthe géant. Je pense qu’il sera difficile de s’orienter là-dedans. Tout cela baigne dans une brume magique très sombre qui doit réduire fortement la visibilité, c’est ingénieux.
– J’ai vu des flammes aussi, dit Harry.
– Oui, ce sont des flammes magiques dont je ne connais la nature. Il faudra s’en méfier. Nous aurons besoin d’effectuer d’autres repérages mais cela paraît très compliqué avec toute cette brume. Les Mangemorts nous ont découvert et nous avons reçu des maléfices en provenance du Gouffre.
– C’est fâcheux, dit Lupin. Mais il faudra trouver un moyen.
– C’est un peu extrême mais peut-être il nous faudra placer des Mangemorts sous Imperium, répondit Abelforth.
– Ce ne sera pas facile, répondit Lupin.
– Ou alors je connais des très bonnes techniques moldues ! Ils utilisent des caméras, ce sont de petits appareils qui permettent d’enregistrer des images.
– Nous sommes en trains de développer des caméras magiques, dit fièrement George.
– Oh c’est merveilleux, je peux vous aider si vous voulez, cela nous serait grandement utile ! Cependant, les caméras magiques seront peut-être repérées alors que des caméras moldues non-magiques passeront inaperçues. Mais peu importe la technique : il nous faudrait réaliser une sorte de Carte du Maraudeur de la Forêt Interdite, cela serait un avantage formidable pour nous.
Abelforth avait prévu de se rendre à Durmstrang l’après-midi pour s’informer des actions de Regulus. Harry, Ron, Hermione et Ginny le suivirent afin de s’entraîner et l’aider à dérober la Coupe de Poufsouffle si jamais ils parvenaient à la localiser. Hermione souhaitait également emprunter d’autres livres, dans le but de poursuivre ses recherches sur la Clef de la Paix.
Dans l’école, tout paraissait normal, du moins rien n’y semblait inhabituel. L’endroit était toujours aussi sombre et les élèves étranges. Ils en croisèrent plusieurs sur leur chemin, et, grâce au Polynectar, ils parvenaient à se fondre dans le décor.
Hermione était ainsi allée seule à la bibliothèque, tandis que Harry, Ron et Ginny s’étaient installés dans une salle vide. La pièce était sombre, sans fenêtre, à peine éclairée par quatre cheminées dans lesquelles des flammes magiques orangées brûlaient. Il n’y avait aucun meuble et aucun tableau, et on aurait pu se demander quelle pouvait être l’utilité de cet endroit.
Harry avait une nouvelle fois exploré avec succès l’âme de sa baguette magique. A chaque fois qu’il le faisait, il avait l’impression que cela lui apportait ensuite de la facilité à exécuter ses sorts.
Il décida de mettre à profit cela pour tenter de progresser dans la réalisation du Bouclier de la Méduse, un enchantement très complexe qui était un des rares qu’il n’avait pas encore réussi à produire. Il était certain qu’avec ses progrès récents, il parviendrait à le réaliser. Fumseck lui lança d’ailleurs un regard malicieux qui le conforta dans cette idée.
L’enchantement était complexe et nécessitait de réaliser préalablement un sort d’Engorgement Energétique pour contenir les dégagements de rayonnements qu’il pouvait produire lors de sa réalisation.
Harry avait dédoublé sa concentration et prononça la formule reimater incorpor. Même s’il ne l’avait pas produit depuis longtemps, il reconnut qu’il l’avait réussi au léger refroidissement qu’il produisit autour de lui.
Harry prononça ensuite en Fourchelang la formule de l’enchantement qui était fourchelis inmedusem, tout en faisant des cercles larges avec sa baguette au-dessus de sa tête pendant de longues secondes. Il y eut un flash vert très intense qui surprit Ron et Ginny, puis une boule de lumière légère apparut, s’intensifiant progressivement.
La boule de lumière persista et sembla s’animer de mouvements internes. Elle grandit en perdant de son éclat et sembla envelopper progressivement Harry. Il crut apercevoir des serpents translucides remuer dans la lumière mais il se déconcentra et un flash lumineux intense se produisit. Une forte chaleur se dégagea et l’air dans la pièce s’agita brutalement comme si un fort coup de vent l’avait balayé.
– Harry, qu’est-ce que tu fais ? s’inquiéta Ron.
– Ne t’inquiète pas, j’ai mis une protection au cas où je perde le contrôle de l’enchantement.
– J’ai l’impression que tu as bien progressé ! sourit Ginny.
– Oui, c’est un enchantement tellement difficile, c’est la première fois que je le réussis aussi bien.
Harry retenta plusieurs fois de le produire, mais cela nécessitait beaucoup de concentration et il ne progressa plus. Il revint à un entraînement plus classique et aida Ginny et Ron à progresser en développant l’explosivité de leur magie, c’est-à-dire la vitesse à laquelle ils pouvaient envoyer des sorts.
Le soir venu, ils n’avaient pas eu de nouvelles d’Abelforth, et ils retournèrent au QG de l’Ordre du Phénix pour la réunion quotidienne.
Hermione avait emprunté plusieurs livres à la bibliothèque mais n’avait pas cette fois de découverte notable sur la Clef de la Paix.
– Je me concentre sur l’histoire des Gobelins actuellement. J’apprends des choses très intéressantes, mais cette Clef de la Paix ne semble pas très importante pour eux. Si seulement j’avais travaillé sérieusement mes Runes les années précédentes, je pourrais avancer beaucoup plus vite !
– Oui, répondit Ron d’un ton ironique, vraiment tu aurais pu faire des efforts. Heureusement que j’étais là pour te dire de réviser.
La réunion de l’Ordre du Phénix avait été une nouvelle fois utile et avait apporté de bonnes nouvelles. La Salle du Phénix avait été redécorée avec des draperies rouge et doré représentant un majestueux Phénix, officialisant le fait que le QG s’installait dans l’école.
– Le Magenmagot a officiellement destitué Joe Jigger du poste de ministre ! annonça Tonks, déclenchant une pluie d’applaudissements.
– Alors ils vont nommer quelqu’un ? demanda Lupin.
– Oui, mais ils n’ont pas encore statué, ils doivent se réunir à nouveau dans la nuit.
– Qui sont les prétendants potentiels ? demanda Harry
– Stridus Shiner, je pense, répondit Tonks d’un air dépité.
– Encore lui ? demanda Lupin, mais il a trahi la communauté en officialisant le soutien des Aurors aux Mangemorts lorsque Voldemort avait pris le contrôle du ministère.
– Oui, mais tu sais le Magenmagot ne sont qu’une bande de vieux grincheux dont je ne serais pas surprise que certains soutiennent Voldemort.
– Ils n’ont pas une chance de te nommer ?
– Oui, je fais aussi partie des prétendants, répondit fièrement Tonks.
– Et toi Arthur ? demanda Lupin.
– Non je n’y crois pas, beaucoup trop de bêtises ont été propagées sur notre famille ces derniers temps. Le Magenmagot nous méprise fortement. Mais je crois fermement en toi Nymphadora, tu es très estimée au ministère.
Tonks ne répondit pas mais elle était touchée par le compliment.
Fred et George avaient ensuite présenté les résultats de leurs recherches récentes. Ils avaient continué à développer leur ceinture qui permettait de produire un bouclier à chaque fois que le sorcier qui la portait était attaqué. A l’heure actuelle seul un exemplaire avait été produit et fonctionnait mais nécessitait toutefois encore des réglages. Ils avaient également reproduit des portes sécurisées semblables aux Portes à Transplaner qui repoussaient la Marque des Ténèbres et qui permettraient de sécuriser leurs bases dans la Forêt Interdite.
Enfin, afin de pouvoir communiquer, ils avaient développé des mini-tableaux doubles contenant un personnage qui permettait de transmettre des messages d’un tableau à un autre.
– C’est génial, s’exclama Harry, en voyant les jumeaux présenter deux petits cadres pas plus grands qu’une main.
– Regardez, il suffit d’appeler le personnage pour qu’il vienne, expliqua Fred. Celui-ci s’appelle Marcus, regardez : hey Marcus !
Un petit homme apparut alors, les saluant d’un signe de la main.
– Bonjour, que puis-je pour vous ? dit-il d’une voix monotone.
– Dis à George que c’est un gros naze !
George montra son tableau et Marcus avait quitté celui de Fred pour apparaître dans le sien.
– Hey George, Fred te dis que tu es un gros naze !
– Dis-lui que c’est une bouse de troll !
Et le petit homme disparut pour apparaître dans l’autre tableau, et de répéter ce que George lui avait dit.
– Vous pourriez en faire un pour tout l’Ordre du Phénix ? demanda Lupin.
– Hum, c’est compliqué si l’on multiplie les interlocuteurs mais cela peut se faire, expliqua George.
– Je ne suis pas certain que l’enchantement soit assez puissant pour un grand nombre de personnes. Nous allons essayer, ajouta Fred.
La réunion se termina par l’intervention de Mme Pomfresh qui venait d’arriver pour donner des nouvelles rassurantes du professeur Tanghudaï. Il était toujours dans le coma mais, son état s’améliorant, elle pourrait bientôt le ranimer afin de commencer sa rééducation.
Après une nuit relativement calme, lors de laquelle Harry avait à nouveau brièvement rêvé de la main de Serpentard, ils se rendirent à Durmstrang où Abelforth leur avait donné rendez-vous.
Ils se rejoignirent au bar, qui était peu fréquenté à cette heure. Ils s’installèrent à une table près d’une petite fenêtre semblable à un hublot de bateau. On pouvait apercevoir le lac et les montagnes au sud du parc et, en cette période de l’année, le soleil était si bas sur l’horizon qu’il parvenait à illuminer de ses rayons timides l’intérieur du bar. L’endroit paraissait ainsi un peu plus chaleureux, et les fauteuils rouges étaient très confortables.
Le fantôme répugnant auquel un œil et une main manquaient était toujours derrière le bar, mais il était accompagné cette fois d’un jeune serveur.
– Bonjour professeur, leur dit le serveur qui les aborda.
– Bonjour Bogdan, comment vas-tu aujourd’hui ? répondit Abelforth.
– La routine, professeur. Il y a encore eu une bagarre hier soir.
– Une bagarre ?
– Oui, je pense que ce sont encore les Dragons qui ont provoqué, ils étaient alcoolisés et ont agressé un autre élève qui leur résistait. Ils commencent à devenir pénibles.
– Oui le professeur Kharkhov est agacé par leurs agissements. Ne t’inquiète pas Bogdan je suis certain qu’il prendra les mesures nécessaires, j’en discuterai avec lui.
– Qu’est-ce que je vous sers professeur ? Un Café-Pur-Feu, comme d’habitude ?
– Oui, ce sera cinq au total, avec de la crème !
– Un Café-Pur-Feu ? s’étonna Hermione.
– Oh, c’est excellent ! Un bon café, avec du Whisky Pur-Feu et de la crème, j’en prends un tous les matins c’est idéal pour commencer la journée.
– Tous les matins ? s’étonna Ron. J’aimerais bien savoir comment vous faites pour avoir quatre vies en une.
– Oh, Hermione doit me comprendre, dit-il avec un sourire malicieux. Bien, désolé de ne pas vous avoir donné de nouvelles hier soir, j’étais un peu occupé.
– Je n’ai plus vraiment fait de rêve important, ces derniers jours, dit Harry.
– Je pense que Severus et Joe ont aidé Voldemort à mieux protéger son esprit et tranquilliser son âme. Même si je n’ai eu que peu de nouvelles d’eux récemment, je sais que c’était une de leurs principales tâches du moment, et qu’ils sont contraints par Voldemort d’y consacrer beaucoup de temps.
– Regulus n’a toujours pas repris ses attaques ? demanda Harry.
– Non, il s’est replié ici, il continue de recruter des élèves. Il faudra être vigilants, il fera tout pour récupérer Walter et je ne serais pas surpris qu’il vienne faire un tour près de Poudlard. Je me suis fait passer pour un élève de l’école hier soir et j’ai participé à l’une de ses soirées de recrutement.
– Des soirées ?
– Oui, à la manière de ce que faisait le professeur Slughorn à Poudlard, il invite des élèves qui lui paraissent talentueux.
Ils s’interrompirent car le serveur Bogdan déposa sur la table leurs Cafés-Pur-Feu.
– C’est fort, s’exclama Hermione, qui n’avait pas l’habitude de consommer de l’alcool.
– Je t’avais dit que ça réveille !
« Je disais donc, reprit Abelforth, qu’il invite à ces soirées des élèves qui ont un potentiel selon lui à devenir d’excellents Dragons. C’est plutôt convivial, il les invite à dîner, ils boivent jusqu’à des heures tardives, et il arrive à les persuader de le rejoindre. Regulus est quelqu’un de très charismatique, il n’a pas beaucoup de mal à se faire suivre.
– Comment fait-il pour ne pas se faire repérer ?
– Il est très peu connu ici, et même dans notre communauté. Il n’a même pas besoin de se dissimuler. Il a simplement changé son identité et se fait passer pour un professeur du nom de Cyprian Miroslaw. Il a été recruté il y a peu par le professeur Kharkhov.
– Mais celui-ci ne se rend pas compte de ce qu’il se passe ?
– Il n’est pas très content de la tournure que prennent les choses effectivement, et de la place que prennent les Dragons dans l’école. Traditionnellement, même si l’école est très portée sur l’enseignement de la magie noire, elle a toujours refusé tout soutien ou association avec les mages noirs. Elle reste très neutre et prône seulement l’apprentissage de cette magie qu’elle trouve merveilleuse. Dans l’histoire, de nombreux professeurs et élèves en ont été expulsés en raison de leur proximité avec des mages noirs.
« Mais les Dragons sont un groupuscule très diffus et difficile à cerner qui agit en sous-terrain. Ils sont très discrets et personne ne parle, un peu comme s’ils n’avaient pas de chef. Le professeur Kharkhov n’a aucune idée que c’est le professeur Miroslaw qui est à l’origine de tout cela.
– Ce n’est pas pourtant pas compliqué de les repérer, ils ont tous un insigne de dragon sur leur robe.
– Oui, mais ils ne font rien d’illégal, du moins pas de façon visible, et ce mouvement semble ne pas avoir de tête. C’est très difficile de faire quoi que ce soit. C’est une école très libre, les personnes y viennent pour s’instruire à propos des sujets qui les intéressent. Les groupes d’élèves sont fréquents, il n’y a pas seulement les Dragons, mais ils ne doivent pas officiellement être rattachés à des mages noirs s’ils ne veulent pas être interdits.
– Pourtant ce n’est pas compliqué de faire le lien avec les Dragons de Regulus qui attaquent notre communauté, répondit Hermione. Ils ont entendu parler de cela, j’imagine ?
– Oui, mais de façon assez lointaine, les gens ici ne s’intéressent que peu au monde qui les entoure, et les problèmes de notre communauté ne les concernent pas. Le visage de Regulus n’est pas vraiment connu ici.
– Même le directeur de l’école ne sait pas ?
– Il est un peu dans son monde, il passe beaucoup de temps à lire et se promener sans but dans son école, il ne réalise pas l’ampleur de ce qui se passe, pour lui ce ne sont que quelques étudiants perturbateurs.
– Vous ne pouvez pas lui expliquer ? demanda Hermione.
– Je suis très prudent, je ne veux pas être soupçonné pour garder mon poste. Il était très proche de Walter et maintenant de Regulus. Il ne les soupçonne pas et serait susceptible de lui révéler nos conversations, ce que je préfère éviter.
– Je comprends.
– Même si nous n’en avons pas, il faut laisser un peu de temps et nous aviserons ensuite. La priorité pour l’instant est que nous puissions continuer à espionner Regulus, il faut conserver à tout prix cette couverture. Quand nous n’en aurons plus besoin, nous pourrons être moins prudents.
– Est-ce que vous savez où se trouve la Coupe de Poufsouffle ? demanda Harry.
– Je pense que Regulus la cache dans ses appartements. J’ai eu l’occasion d’y accéder partiellement hier soir lors de sa soirée mais je n’ai rien vu. Je vais tenter de sympathiser avec lui pour savoir ce qu’il en est. En tous cas je crois avoir une idée pour détruire l’Horcruxe dans la Coupe, j’ai besoin des conseils de Zhao Huang. S’il confirme mon idée, alors nous déroberons la Coupe pour nous en occuper nous-même.
– En utilisant les pouvoirs de la Noirdésite ? demanda Hermione.
– Oui, cette pierre a le pouvoir de détruire la magie noire. Je pense que mise en contact avec l’Horcruxe, elle peut en venir à bout progressivement. Cependant, j’aimerais m’assurer que cela n’aura pas de conséquence néfaste sur la Coupe.
Un groupe d’élèves venait d’arriver à son tour dans le bar et s’installa à une table proche, parlant bruyamment. Ils faisaient partie des Dragons au vu de l’insigne sur leur robe.
– Nous ferions mieux de parler plus discrètement, dit Abelforth.
L’un d’entre eux fit un signe de la tête à Abelforth qui lui répondit.
– Vous le connaissez ? demanda Harry.
– Je te rappelle que je suis ici avant tout l’un des professeurs de l’école. Je donne des leçons aux élèves.
– Qu’enseignez-vous ? demanda Hermione.
– Il faut savoir qu’ici l’enseignement est très différent. Il ne s’agit pas de cours à proprement parler mais de leçons en petit comité, ou des sortes de conférences. Les étudiants sont libres de suivre les programmes qu’ils désirent. L’école Durmstrang remet un diplôme à la fin de la scolarité suite à des entretiens individuels qui visent à valider que l’étudiant possède un bagage suffisant sur des thèmes donnés.
« Il est vivement recommandé aux étudiants de participer à des thèmes de recherche magique, ou de s’associer à des projets étudiants dans l’école comme la participation à des clubs. Un entretien annuel est organisé afin de valider que l’étudiant peut poursuivre sa scolarité et vise à donner des thèmes de travail. Le diplôme de Durmstrang est remis après cinq années d’études.
« Quant à moi, j’enseigne des thèmes variés mais mon domaine de prédilection est la divination.
– Quoi ! s’exclama Hermione, qui regarda Abelforth comme s’il souffrait d’une maladie grave.
Harry était abasourdi, mais il n’en était plus à une surprise près avec Abelforth.
– Je comprends votre surprise, mais ici l’enseignement de cette discipline est très différent de celui à Poudlard. Nous nous intéressons à la magie derrière les prophéties et les malédictions. Est-ce que vous voulez participer à ma prochaine leçon ?
– Ce serait extraordinaire, oui ! s’exclama Hermione.
– Ah ! Je vois que la divination te rebute moins, finalement. Je suis certain que le sujet va vous intéresser.
– Ah bon, de quoi s’agit-il ?
– Des Clordes.
– Des Clordes ?
– Oui c’est pour cela que je vous ai proposé de venir, j’ai fait quelques lectures intéressantes ces derniers jours à ce sujet en préparant des cours pour mes étudiants. La bibliothèque de Durmstrang regorge d’informations à leur sujet, et je sais que je ne suis pas le seul à m’y être intéressé.
« J’ai mené ma petite enquête, et aux alentours de la fin du mois d’août, tous les livres abordant le sujet des Clordes ont été empruntés. Quelqu’un a clairement fait des recherches à leur sujet. J’ai également fait une découverte stupéfiante concernant l’ouvrage Les Aventures du chevalier Théodore l’Ame Perdue.
« Vous vous souvenez certainement du passage qui évoque la création de l’âme des mages noirs, et lors duquel Théodore découvre des tombes sur lesquelles le nom des Mages Noirs est gravé. Eh bien j’ai trouvé ici une copie de la version originale que nous avions consultée à la maison d’édition Le Dragonneau, qui est très ancienne. Cette version est en tout point conforme à celle que vous avez lue, sauf ce passage-là.
« Dans le passage original, les noms de Grindelwald, du Seigneur des Ténèbres, du Roi Atomiseur de Boudons et la Fleur du Mal n’apparaissent étonnamment pas. En gros tous les mages noirs postérieurs à l’écriture du livre n’y sont pas. Cela correspond à notre idée qu’il n’est pas possible que les Clordes prédisent l’avenir, mais aussi qu’elles ne fabriquent pas l’âme des mages noirs car elles sont aujourd’hui disparues, et ce depuis longtemps.
– Mais alors l’édition originale que nous avions consultée au Dragonneau était fausse ? demanda Hermione.
– Très certainement. Quelqu’un l’a modifiée.
– Mais vous aviez pourtant vérifié qu’elle était authentique à l’époque, dit Harry.
– Oui, il faut croire que les modifications ont été faites très subtilement.
– Ce n’est pas possible plutôt que la version que vous avez lue ici ait été modifiée ? demanda Hermione.
– Non je n’y crois pas, la version modifiée n’a pour moi aucun sens au regard de ces nouveaux éléments.
– Mais qui aurait fait cela et pourquoi ?
– Je pense que tout cela est une immense imposture qui vise à s’en prendre à Voldemort. Les Clordes et le Gouffre des Clordes ont bel et bien existé, j’en ai la preuve dans plusieurs ouvrages, et vous savez que Voldemort a découvert le Gouffre et a même réussi à ressusciter des Clordes. Les légendes concernant le fait que les Clordes influent sur la création de l’âme des mages noirs sont nombreuses, et la personne qui a fait resurgir tout cela sait bien que Voldemort est très attaché à son histoire. Le but était clair, pousser Voldemort à agir de manière inconsidérée et s’installer au Gouffre des Clordes, et aussi j’imagine installer des doutes dans son esprit.
– Mais en quoi le fait qu’il s’installe au Gouffre des Clordes est mauvais pour lui ? demanda Harry.
– C’est là ma plus grosse interrogation. Peut-être l’objectif était qu’il ressuscitât les Clordes afin qu’elles se retournassent contre lui ? Je me demande aussi si la tombe n’est pas ensorcelée afin de lui nuire. Vu comme l’âme de Voldemort est troublée ces derniers temps, je ne serais pas surpris qu’elle ne l’affecte fortement. Nous aurons besoin de continuer nos recherches afin d’en savoir plus.
– Mais qui aurait fait tout cela ? demanda Harry.
– A ton avis, qui s’oppose directement à Voldemort ? Qui a découvert son secret et cherche à détruire ses Horcruxes dans le but de le terrasser ?
– Regulus !
Il y eut un long silence. Harry essayait dans sa tête de comprendre l’ensemble de ce qu’Abelforth venait de lui expliquer.
– Mais, il y a un problème dans cette théorie, dit Hermione. Le livre est paru alors que Regulus n’était pas encore revenu. A la fin du mois d’août, il n’avait pas encore retrouvé son corps.
– Retrouvé son corps, certes, mais son esprit était bien là. Kreattur était déjà allé le sauver au mont Iaman Taou, et il préparait son retour. En attendant de pouvoir retrouver ses pouvoirs, il a manigancé ce plan contre Voldemort, ne perdant pas de vue son objectif de le détrôner.
– Mais sans son corps il aurait pu venir à Durmstrang récupérer les livres, modifier le manuscrit original qui se trouvait chez les Malefoy et faire en sorte que Mr Barjow le trouve et le revende à un éditeur ? Cela me paraît énorme.
– Il se trouve que le manuscrit original se trouvait également ici, il a été emprunté au mois d’août et n’a jamais été rendu. Je l’ai vu dans le registre des livres de l’école. Il a ensuite été déposé dans le manoir des Malefoy après avoir été modifié.
– Regulus aurait fait tout ça sans son corps ? demanda Harry.
– C’est peut-être son elfe, dit Ron.
– Exactement, Regulus a utilisé Kreattur pour faire tout cela, mais pas seulement. Un étudiant est mort dans des conditions très obscures au mois de septembre à Durmstrang. Le professeur Kharkhov m’a expliqué qu’il avait été comme possédé et vidé de sa vie. Je pense que Regulus était lui aussi présent dans l’école et qu’il a habité le corps de cet élève. Devinez à quel nom ont été empruntés ces livres ?
– Cet étudiant ? avança Hermione.
– Exactement !
– Je trouve cela tiré par les cheveux, dit Harry. Je conçois l’idée que Regulus ait voulu monter un plan contre Voldemort, mais n’y avait-il pas plus simple que de faire tout cela ?
– Je te l’accorde, je trouve aussi cela extrêmement compliqué, mais c’est peut-être voulu. Penses-tu vraiment que Voldemort pourrait imaginer un seul instant que tout cela est inventé ? Cela joue sur l’une de ses cordes sensibles, c’est extrêmement ingénieux. Une fois le plan mis en place, Regulus ne court aucun risque, tout se déroule tout seul et a toutes les chances de fonctionner si Voldemort mort à l’hameçon.
– Voldemort a ressuscité beaucoup de Clordes ? demanda Harry.
– Non, répondit Abelforth. Il y avait mis beaucoup d’énergie au début, il a constaté que c’était faisable, mais il a très vite eu peur qu’elles se retournent contre lui. Il en conserve quelques unes dans des cages dans sa Forteresse, mais il ne compte pas les multiplier.
Abelforth s’interrompit. Regulus Black venait d’entrer dans le bar, saluant le barman et se dirigeant vers la table où se trouvaient les jeunes Dragons.
Il salua également Abelforth.
– Bonjour, Cyprian ! répondit ce dernier, donnant l’impression de se détourner à peine de sa conversation.
Harry n’était clairement pas à l’aise de se retrouver à côté de Regulus Black qui avait son apparence habituelle et il y eut un silence gênant. C’était clairement quelqu’un d’extrêmement charismatique, et l’ambiance avait brutalement changé dans la pièce. Harry tenta de détourner son attention de lui, et il reprit un peu de Polynectar, au cas où l’effet de la potion viendrait à se dissiper subitement.
– J’espère que vos travaux ont avancé ? demanda Regulus aux étudiants.
– Oui, les œufs ne devraient pas tarder à éclore, je les badigeonne deux fois par jour de potion de croissance, je pense que demain les premiers dragons sortiront.
– Excellent, Stefan, la suite de ton travail sera passionnante, je te le garantis. Et toi, Olga, as-tu proposé à tes amis de nous rejoindre à notre apéritif de ce soir ? Je suis certain qu’ils passeront un bon moment.
– Oui, Josef et Irina viendront pour vingt heures.
– Parfait, je suis certain qu’ils passeront un bon moment avec nous.
– Professeur, l’école serait bien morne sans vous, dit le dénommé Stefan. Vous êtes bien le seul à faire honneur à sa réputation, vous mériteriez d’en être à la tête.
– C’est flatteur, Stefan, mais j’espère que j’aurai un réel soutien si je suis candidat à la direction…
– Tant que le professeur Kharkhov est là…
– Le professeur Kharkhov est vieux, ce n’est qu’une question de temps.
Regulus ne put réprimer un sourire démoniaque. Ses étudiants restèrent silencieux, mais aucun ne sembla déceler son expression.
– Dites quelque chose, dit Hermione, ils vont trouver cela bizarre si l’on ne parle pas.
Les deux tables s’étaient effectivement tues au même moment, et Abelforth se leva pour demander une nouvelle tournée de Cafés-Pur-Feu au barman.
– Le professeur Kharkhov doit être en danger ! murmura Hermione à Abelforth lorsque celui-ci fut de retour.
– Oui, j’en ai bien peur, il va falloir sérieusement le protéger.
– Comment est nommé le directeur à Durmstrang ?
– Les choses sont très différentes ici. L’école est indépendante et n’est rattachée officiellement à aucune communauté. Le directeur est élu directement par les membres de l’école. C’est le conseil des Gobelins de l’école qui garantit le déroulement de l’élection selon des règles très strictes, autant vous dire qu’il n’est pas possible de les contourner.
« Tout le monde peut prétendre à être élu, professeurs ou même élèves, il n’y a pas de candidature déclarée officiellement, simplement les membres de l’école doivent placer dans une urne le nom de la personne qui à leurs yeux représente le mieux Durmstrang et ses valeurs.
« Evidemment, si Regulus prend la direction de l’école, cela facilitera encore ses opérations de recrutement de Dragons et nous devons l’éviter. Je vais devoir vous laisser pour vérifier certaines choses concernant le professeur Kharkhov. On se voit plus tard.
Hermione avait tenu à passer à nouveau une partie de la journée à la bibliothèque pendant que les autres s’entraînaient. Harry retenta l’exécution du Bouclier de la Méduse, avec un résultat similaire à la veille, mais il ressentait qu’en persévérant encore, il pourrait le maîtriser bientôt.
Il s’entraîna également au Transfert de Sorts avec Fumseck, et parvenait désormais beaucoup plus facilement à produire des sorts par le biais du phénix ce qui était visuellement assez impressionnant.
Ron et Ginny s’étaient affrontés également à plusieurs reprises dans des duels, et le concert d’explosions provoqué par leurs sorts avait alerté deux élèves qui passaient par là.
Deux étudiants venaient d’entrer dans la salle où ils se trouvaient, alors qu’un tapis fumait encore à cause d’un sortilège d’Embrasement de Ginny, dégageant une forte odeur de brûlé.
Ils arboraient tous les deux sur leur magnifique robe rouge un insigne doré représentant un dragon. Les deux étudiants étaient manifestement jumeaux. Ils étaient grands et fins, aux cheveux noirs courts parfaitement coiffés sur le côté, et tout chez eux donnait une impression d’assurance. Ils avaient le visage fin, le regard perçant, et observaient la scène immobiles, sans laisser filtrer la moindre expression. Le seul critère qui permettait de les distinguer était d’ailleurs la couleur de leurs yeux, l’un les avait bleus et l’autre verts.
– Qui êtes-vous ? demanda l’un des deux.
La question était très gênante. Ils n’étaient pas étudiants de l’école officiellement, et ils avaient pris l’apparence de personnes inconnues.
– Moi c’est Henry, répondit Harry, restant fidèle au faux-nom qu’il s’était donné. Nous nous entraînons pour intégrer l’école. Le professeur Burdigov nous suit. Et vous ?
– Fabio, répondit celui aux yeux verts, avec un accent italien.
– Et moi Giovanni, répondit le deuxième, nous faisons notre première année ici. Nous avons passé les tests et sommes officiellement inscrits. Nous venons d’Italie, nous étions dans l’école de magie Firenzia à Florence, nous venons ici pour parfaire notre formation. Si je peux vous donner un conseil, je pense que le professeur Miroslaw serait bien mieux que le professeur Burdigov pour prendre en main votre enseignement, c’est un expert en magie noire.
– Merci du conseil, répondit Harry, je ne le connais pas bien, j’ai entendu dire que c’est lui le chef des Dragons, c’est bien cela ?
Les jumeaux semblèrent gênés à leur tour.
– On va dire que pour nous les Dragons, c’est le professeur qui nous semble le plus compétent. Il nous apporte beaucoup.
– Et en quoi consistent les Dragons ? demanda Harry, je vois qu’il y a de plus en plus d’élèves qui ont l’insigne, mais nous ne savons pas grand-chose à votre sujet.
Une nouvelle fois, les jumeaux semblèrent gênés et hésitèrent à répondre.
– C’est symbolique, nous sommes simplement des passionnés de belle magie, répondit Giovanni.
– Oui, et le dragon n’est-il pas le plus bel emblème possible ? poursuivit Fabio.
– Qu’est-ce que le professeur Miroslaw vous enseigne ? demanda Harry.
– C’est un grand spécialiste de la magie noire, mais surtout un excellent coach mental pour travailler l’esprit. Il peut vous apprendre beaucoup si vous vous en donnez les moyens.
– Nous serons au bar ce soir vers vingt heures avec d’autres étudiants, si cela vous tente rejoignez-nous, ajouta Fabio.
– Nous verrons, répondit Harry. J’apprécie la proposition mais nous nous sommes engagés auprès du professeur Burdigov.
– C’est à vous de voir.
De retour à la bibliothèque, Hermione était en pleine discussion autour de l’une des tables avec Gremsec, le sympathique Chef-Gobelin. Une dizaine d’énormes livres en Runes étaient ouverts, entremêlés avec des morceaux de parchemin sur lesquels Hermione avaient pris des notes.
– Tu ne veux pas le laisser tranquille ? lui dit Ron.
– Cela ne m’embête point, répondit Gremsec, pour une fois qu’une jeune étudiante s’intéresse à l’histoire des Gobelins, je ne vais pas m’en plaindre.
– Tu as trouvé quelque chose ? demanda Harry, une fois que Gremsec fut retourné à son bureau à l’accueil.
– Rien de très concret, répondit Hermione. J’ai lu dans un livre qui parle de prophéties que les Gobelins ont régulièrement eu un rôle pacificateur dans l’histoire de la magie, mais aussi qu’ils s’en sont déjà pris à des mages noirs qui avaient fait des Horcruxes.
– Les Gobelins connaissent les Horcruxes ? s’étonna Harry.
– Ce n’est qu’une déduction, l’expression irhweit az rzamen revient à plusieurs reprises dans un ouvrage qui parle de l’histoire des Gobelins en Scandinavie.
– Cela veut dire quoi ? demanda Harry, tout le monde ne parle pas les Runes.
– Littéralement, je traduirais cela par « l’âme qui est mise à l’abri ». Dans le contexte, un mage noir du XIVe siècle a vraisemblablement protégé son âme pour se sauver.
– Qu’est-ce que les Gobelins viennent faire là-dedans ? demanda Harry.
– A priori ce sont eux qui ont détruit sa protection pour le rendre mortel. Gremsec m’a aidé à traduire certains passages un peu flous. Certains Gobelins semblent avoir des pouvoirs spéciaux qui leur ont permis de détruire ce mage qui s’attaquait à eux. Le livre dit qu’ils ont d’abord dû détruire son « âme mise à l’abri » par un enchantement ancien.
– Tu as raison cela semble correspondre aux Horcruxes. Tu n’as rien lu sur la Clef de la Paix ?
– Non, mais je suis confiante, nous trouverons à force de fouiller. Les Gobelins sont intimement liés aux phases de paix de notre communauté, ils ont des pouvoirs que l’on ne maîtrise pas. Ce serait fascinant d’apprendre leur magie, mais ils ne veulent pas la partager avec nous les sorciers.
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