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Chapitre 141: Le coup de force de Regulus


 
Harry et ses amis se rendirent à la réunion quotidienne de l’Ordre du Phénix à Poudlard, retrouvant toute l’équipe qui était en charge d’installer des protections dans la Forêt Interdite. Ils donnaient l’impression d’avoir travaillé dur et Mrs Weasley les réconforta avec l’odeur d’un bon chocolat chaud qui émanait d’un petit chaudron.
On va commencer la réunion par une excellente nouvelle, se réjouit Lupin. Je vous présente notre nouvelle Ministre de la Magie !
Il montra Tonks qui semblait émue et gênée, elle rougit et ses cheveux changèrent de couleur, devenant orange. Tout l’Ordre du Phénix se leva, dans un concert d’applaudissements, et Fred et George émirent des étoiles avec leur baguette qui illuminèrent la Salle du Phénix.
Merci, cela fait chaud au cœur, dit-elle, mais ce n’est pas tout, nous avons aussi un nouveau Sous-Secrétaire d’Etat !
Elle n’eut pas besoin de montrer Arthur Weasley pour que tous comprissent qu’il s’agissait de lui. Il était à son tour devenu rouge comme les drapeaux de l’Ordre du Phénix qui décoraient la salle.
Un grand repas fut organisé en leur honneur, et Mrs Weasley et les elfes de Poudlard avaient été en concurrence pour produire une profusion de mets les plus exquis.
Les festivités avaient occulté le travail de l’Ordre du Phénix, mais la construction de protections avait progressé considérablement. Une deuxième tour fortifiée avait été construite plus loin dans la Forêt Interdite, et Lupin avait ensorcelé un parchemin avec un enchantement similaire à celui de la Carte du Maraudeur. Ce parchemin était affiché dans le poste avancé au niveau de l’entrée de la Forêt et permettrait de suivre les déplacements des personnes. Mais le plan était loin d’être complet et nécessiterait d’effectuer des missions de cartographie des environs pendant plusieurs jours. 
Quant à Nymphadora Tonks et Arthur Weasley, ils auraient beaucoup de travail pour relancer le ministère dans les prochains jours.

Le lendemain, 30 décembre, ils eurent la bonne nouvelle de recevoir par hibou un exemplaire du Londonien. 

Le Londonien

Edition du mardi 30 décembre 1997

Nymphadora Tonks nommée ministre de la Magie

Suite à la disparition de Joe Jigger, le Mangenmagot a acté hier la nomination de Nymphadora Tonks au poste de ministre de la Magie, une Auror très expérimentée. La nouvelle ministre a immédiatement annoncé le nom de son sous-secrétaire d’Etat, Arthur Weasley, qui a occupé plusieurs postes à responsabilité ces dernières années au ministère. Le reste de l’équipe gouvernementale sera présenté au fur et à mesure dans les prochains jours.
Les chantiers de la nouvelle ministre sont nombreux. Après plusieurs mois de gouvernance chaotique, lors desquels le ministère est même tombé sous le contrôle de Voldemort et ses Mangemorts, notre communauté est en ruines. La plupart des lieux publics sont actuellement fermés et seules quelques boutiques subsistent dans la peur au Chemin de Traverse. 
Quant au ministère, ses locaux sont toujours temporairement installés à l’école Poudlard, en attendant sa reconstruction. L’école est actuellement fermée aux élèves, tant qu’ils ne peuvent être accueillis dans des conditions optimales de sécurité.
Dernier dossier épineux pour la nouvelle ministre, les relations compliquées ces dernières semaines entre notre communauté et les Gobelins. Si la banque Gringotts reste en partie accessible pour les retraits et les dépôts d’argent, les autres opérations et l’accès aux coffres sont pour l’instant suspendues par les Gobelins jusqu’à nouvel ordre pour des raisons obscures.

Poudlard restera fermée

De nombreux parents d’élèves ont manifesté leur inquiétude quant aux évènements récents à Poudlard, où plusieurs élèves ont été blessés et menacés par des Mangemorts, l’un d’entre eux étant même décédé peu avant les vacances de Noël. 
Nymphadora Tonks a décidé la fermeture de l’école jusqu’à nouvel ordre sur décret ministériel. Elle a précisé dans une note aux parents d’élèves qu’un programme d’enseignement à distance sera mis en place début janvier par les professeurs afin d’assurer la continuité de l’éducation de nos enfants en attendant le retour à la normale.
« Je ne peux vous dire quand l’école pourra rouvrir, simplement nous ne nous précipiterons pas. Nous devons remettre notre communauté en ordre et sécuriser nos lieux publics avant de permettre le retour des élèves. Les évènements récents ne doivent pas se reproduire et l’on ne peut mettre en danger la vie de nos enfants. 
« Pourdlard a été le théâtre d’affrontements entre plusieurs mages noirs, et notamment Voldemort et Regulus Black. Nous allons mener une opération de grande envergure pour sécuriser les lieux mais nous devons d’abord reconstituer notre équipe d’Aurors qui a été mise à mal fortement.
« Je laisse l’équipe pédagogique mettre en œuvre un programme à distance pour nos enfants qui sera communiqué à la rentrée, afin que l’année scolaire ne soit pas compromise par les évènements. »

Le plan de relance du commerce

Alors que les commerçants sont durement touchés par la baisse de fréquentation des sorciers dans les lieux publics en raison de la menace des mages noirs, le ministère annonce un plan de sécurisation du Hall de la Paix et du Chemin de Traverse.
Une plateforme de retraits de commandes hautement sécurisée devrait être mise en place au Hall de la Paix, financée par le ministère. Les clients pourront passer leurs commandes par hibou dans leurs boutiques préférées, et venir récupérer leurs articles directement au nouveau point de retrait sur rendez-vous.
« Nous sommes bien conscients que le plaisir de flâner dans nos lieux publics emblématiques est mis de côté avec ce système, mais la multiplicité de ces lieux ne nous permet pas de garantir une sécurité totale. Ce système permettra de concentrer nos défenses à un seul endroit et à nos commerçants de maintenir leur activité. Ce système n’a bien sûr pas vocation à durer dans le temps, mais tant que notre communauté est en guerre nous devrons privilégier cette solution. »

Harry était toujours peiné de savoir l’école fermée, mais elle était le centre de toutes les tensions dans la communauté, et il ne pouvait mener à bien sa mission tout en défendant l’école. 
Le petit-déjeuner fut pris une nouvelle fois en commun dans la Salle du Phénix. L’endroit était plus convivial que l’immense Grande Salle et plus adapté au nombre de personnes qui constituaient l’Ordre du Phénix. 
Dehors le temps était toujours maussade et très humide. Les fortes bourrasques ne faciliteraient pas le travail en extérieur.
Pour poursuivre la cartographie de la Forêt, expliqua Lupin lors du briefing du matin, il nous faudra placer sur nous un enchantement de traçage et arpenter la Forêt, nous n’aurons pas besoin d’avoir tous la Carte sur nous, c’est un avantage. Malgré tout, il faudra faire plusieurs équipes pour pouvoir se défendre en cas d’attaque. Une équipe pourra suivre la progression des différentes personnes sur la Carte dans la tour principale.
BOUM !
Une explosion retentit dans le parc, suivie de plusieurs autres.
Tous se précipitèrent aux fenêtres de la salle qui offraient une vue imprenable sur l’intégralité du parc. Une dizaine de dragons volaient dans les airs, chevauchés par des sorciers vêtus de capes noires semblant constituées d’une matière métallique aux reflets rouges. 
Les dragons étaient plutôt petits mais extrêmement agiles, et ils évitaient habilement les centaines de fusées émises par le système de défense de Fred et George qui tentaient de les frapper.
Qu’est-ce donc ? demanda le professeur Fitz.
Les Dragons, l’armée de Regulus Black, répondit Harry.
Pourquoi viennent-ils s’en prendre à l’école ? demanda Lupin, je croyais qu’ils en avaient après Voldemort en ce moment.
Ils me cherchent, répondit Harry, ils se doutent que je tourne près de l’école.
Pourquoi subitement se focalisent-ils sur toi ?
Nous avons enlevé et emprisonné Walter, le numéro deux des Dragons. Regulus tenait beaucoup à lui, il entravait certaines de nos recherches sur Voldemort. Nous craignions justement qu’il ne cherchât à venir le libérer.
Il est retenu à Poudlard ?
Non, il n’est pas ici, c’est Abelforth Dumbledore qui le garde, mais Regulus doit se douter que sa disparition est liée à nous.
C’est fâcheux, cela va nous mettre en danger dans nos travaux, tant qu’ils sont là nous ne pouvons sortir. Tu ne pourrais pas leur faire croire que c’est Voldemort qui l’a capturé ?
C’est une idée intéressante, mais je ne pense pas que Regulus y croirait, il nous a vus au même endroit que là où Walter était censé se trouver avant de disparaître.
Une explosion plus forte se produisit au niveau du hall, et on entendit des bruits de pierre qui se brise, comme si l’entrée de Poudlard avait été détruite.
Dehors, les fusées continuaient de voler de façon chaotique, se percutant parfois entre elles ; mais les Dragons les avaient contournées et avaient maintenant disparu de leur champ de vision.
Harry sortit la Carte du Maraudeur pour suivre leur progression.
Il faut aller les repousser ! s’écria Maugrey. Ce ne sont pas ces quelques sorciers qui vont nous faire peur !
Non, répondit Lupin. Ils ne nous trouveront pas ici et il n’y a pas personne dans l’école. Faisons les morts, c’est bien plus sage, ils finiront par repartir. 
Sur la Carte, le nom de Regulus Black apparaissait au niveau du hall d’entrée. Il y avait également le professeur Maxim Antonov de Durmstrang, ainsi que d’autres qu’Harry ne connaissait pas.
Les Dragons pénétrèrent d’abord dans la Grande Salle où ils ne trouvèrent personne puis empruntèrent les escaliers pour visiter les étages. Le château était effectivement déserté et hormis les fantômes, peu de noms se trouvaient sur la Carte. A l’infirmerie était toujours soigné le professeur Tanghudaï, mais deux autres noms, Argus Rusard et Mme Pince, déambulaient dans le couloir du deuxième étage, près de la cafétéria.
Que font-ils ? demanda Ron.
Une petite promenade romantique en amoureux, ricana Ginny.
Attendez !
Les Dragons s’engagèrent à cet instant dans l’escalier qui menait au deuxième étage et se trouvèrent face à eux.
Ils sont en danger ! Je dois y aller ! dit Harry.
Attends Harry, tu ne peux y aller seul ! dit Lupin.
Alors rejoignez-moi si vous voulez, mais il n’y a pas de temps à perdre !
Harry transplana immédiatement avec Dobby et Fumseck derrière les Dragons, qui furent pris de surprise. 
Rusard et Mme Pince étaient au sol, Regulus venait de les torturer.
Harry Potter, ricana Regulus, excellent, je venais te chercher et c’est toi qui viens à moi. Au moins, je n’aurai pas à tuer ces deux-là qui n’ont rien fait de mal.
Regulus se plaça face à lui, sa baguette brandie. Ses Dragons s’étaient placés derrière lui, en triangle. 
Harry Potter, je vais être très clair, tu es un imbécile. Je n’avais pas prévu de m’en prendre à toi, mais vu que tu as décidé de te mêler de ce qui ne te regarde pas, tu vas le regretter. Si tu ne me conduis pas à Walter immédiatement, je te tue.
Je ne sais pas où il se trouve, répondit Harry fébrilement. 
Les Dragons avaient quelque chose d’impressionnant, et leur influence sur lui était forte.
Regulus lui lança un regard perçant, Harry sentit sa présence et même s’il avait fermé son esprit, il ne put totalement cacher son malaise. 
Je sais que tu me mens Potter, et je n’aime pas ça. Draconnis necrosis. 
Regulus fit apparaître une ombre maléfique qui prit la forme d’un gros dragon et fonça sur Harry.
Harry ne savait pas quoi faire face à cela, il produisit par réflexe un énorme bouclier d’argent qui ralentit légèrement l’ombre. Celle-ci heurta le bouclier, se disloqua, mais commença à se reconstituer. Harry se recula, alors que son bouclier venait de se fracasser au sol. Regulus avait un sourire démoniaque, comme s’il était certain de remporter ce duel.
Lashbalask ! lança Harry.
Un imposant cerf de feu fonça sur Regulus qui l’annula très simplement en faisant un tourbillon avec sa baguette. 
Dualamis terrifiere ! lança Harry.
Regulus parut surpris et se protégea avec un bouclier de lumière. Un choc étouffé indiqua qu’il avait contenu cette attaque. 
L’ombre de dragon s’était maintenant totalement reconstituée et assaillit à nouveau Harry qui se défendit avec un Bouclier de la Capsule Vertical. Il s’était concentré pour produire le plus fort maléfice possible, et une immense feuille métallique sombre se projeta sur l’ombre, l’enveloppant intégralement.
Regulus lui envoya un éclair vert et Harry répliqua avec un autre Bouclier d’Argent pour le stopper, ce qui produisit un gong grave.
Alors que la capsule était habituellement projetée sur l’ennemi, cette fois elle s’était stoppée au milieu des airs et se convulsionnait. Harry et Regulus l’observaient avec crainte, tant elle dégageait des rayonnements puissants.
Harry se concentra alors pour produire le Bouclier de la Méduse, sa baguette émettant une boule de lumière qui crépitait. Il savait que cet enchantement était très complexe et long à produire et pour faire diversion il envoya en même temps par le biais de Fumseck des Flèches de Mort à son adversaire. Regulus répliqua avec un autre bouclier lumineux qui les fit s’enflammer dans les airs.
La capsule qui avait emprisonné l’ombre de dragon grossissait dangereusement, des rayons étranges de lumière noire s’en échappaient, produisant des sifflements désagréables. Pendant ce temps, Harry s’était fièrement entouré d’un merveilleux bouclier translucide, semblant fait de gelée. D’innombrables serpents constitués de la même matière y grouillaient, menaçant Regulus qui s’était reculé.
Regulus fit apparaître une nouvelle ombre de dragon encore plus impressionnante, ainsi qu’un deuxième dragon constitué de feu.
On entendit alors des bruits de pas et l’Ordre du Phénix au complet apparut par les escaliers. Tous s’arrêtèrent immédiatement au niveau des marches supérieures, ébahis par la scène qui se déroulait devant eux. La capsule émettait maintenant une lumière argentée, alors que les deux dragons de Regulus fusaient sur Harry en tourbillonnant l’un autour de l’autre. Le Bouclier de la Méduse était devenu immense, et reflétait magnifiquement un mélange de lueurs rougeâtres et argentées émises par les sorts de Regulus.
Harry était prêt à se défendre. C’était la première fois qu’il produisait cet enchantement, et il ne savait pas dans quelle mesure il pourrait le protéger. 
Un immense serpent translucide s’avança du bouclier vers les dragons, se changeant en verre lors du choc, et se brisant en une myriade de morceaux qui volèrent dans tout le couloir. La capsule explosa alors au même moment, et un flash noir empêcha tous les protagonistes de voir la scène durant quelques secondes. 
Dans la bulle constituée par le Bouclier de la Méduse, Harry était comme protégé, et lorsque la lumière revint, beaucoup de ses amis ainsi que des Dragons avaient été projetés au sol. Regulus s’était protégé et attendait debout.
Peut-être que si je m’en prends à tes amis, Potter, tu me diras où Walter se trouve ? Avada kedavra !
L’éclair vert traversa le couloir à la vitesse de l’éclair, passant à la droite d’Harry. Mais un puissant gong retentit. Dobby s’était interposé et avait produit un bouclier métallique.
Regulus semblait perdre patience. Harry était nerveux, la situation ne lui plaisait pas du tout et semblait bien trop risquée, il avait un mauvais présentiment.
Mes Dragons, neutralisons-les tous !
L’armée de Regulus s’avança de manière à s’aligner avec lui. Ensemble, ils envoyèrent une pluie d’éclairs oranges. 
Les membres de l’Ordre du Phénix se défendirent vaillamment. Maugrey était très efficace et Dobby fit des merveilles, produisant avec une efficacité fulgurante des boucliers. Harry avait vite repris ses esprits, et il propulsa une vague de Haas sur ses ennemis, contenant toutefois sa puissance.
Les Dragons cessèrent alors leurs attaques pour se protéger face à l’intensité des rayonnements qui les submergeaient et qui réchauffèrent fortement l’atmosphère. 
Derrière Harry, plusieurs membres de l’Ordre du Phénix étaient allongés, frappés par les éclairs des Dragons. Mais Regulus était déjà reparti à l’attaque, sa baguette émit un premier flash blanc très intense qui les aveugla pendant un long instant. 
Le Bouclier de la Méduse ne protégea pas Harry contre ce flash intense qui l’aveugla et l’empêcha de distinguer tout rayonnement qu’aurait pu dégager un maléfice dirigé contre lui. Il entendit plusieurs crépitements et explosions autour de lui, sans savoir d’où cela venait.
Attendez, arrêtez, je vais vous dire !
Mais Harry fut coupé par un second flash encore plus intense qui le projeta dans les airs. Il n’entendit plus un bruit, comme si le flash avait supprimé tous les sons.
Pendant de longues secondes, il se sentit comme paralysé, incapable de voir et d’entendre. La perception des sons lui revint brutalement par un cri féminin désespéré.
Harry ! Noooon ! Lâchez-moi !
Il reconnut la voix de Ginny et sortit brutalement de sa torpeur. Regulus Black l’avait ligotée avec des cordes magiques et attachée à son dragon personnel. Ses autres Dragons avaient enfourché le leur, prêts à fuir.
Si tu veux la revoir vivante un jour, je te laisse vingt-quatre heures pour me rendre Walter.
Il enfourcha son dragon et tous transplanèrent.
Harry avait désespérément envoyé un éclair pour retenir Regulus mais il s’était écrasé contre un tableau du couloir, l’embrasant, déclenchant les plaintes du sorcier qui l’occupait. 

Harry resta sans réaction pendant de longs instants, comme tétanisé par la situation. Hermione et Ron s’étaient immédiatement précipités sur lui pour lui apporter leur soutien. Les pleurs déchirants de Mrs Weasley rompirent alors le silence. Plusieurs membres de l’Ordre du Phénix étaient encore choqués et se relevaient à peine, ne comprenant pas ce qui venait de se produire.
Harry put constater que personne n’était gravement touché. Tous semblaient très affectés mais étaient bien vivants. Dobby semblait avoir beaucoup souffert des flashs émis par Regulus et il était assis au sol, trop affaibli pour se lever. Fumseck aussi semblait avoir perdu de sa superbe et s’était réfugié sur l’épaule d’Harry.
Harry ne saurait dire s’il était en colère ou triste, les émotions le submergeaient, et il était partagé entre l’envie de partir immédiatement à la recherche de Ginny, sans même savoir où elle se trouvait, et l’envie d’éclater en sanglots et de hurler.
Personne n’osa prononcer un mot pendant de longues minutes, durant lesquelles Mrs Weasley continua de pleurer désespérément. Ses fils la serraient dans leurs bras pour la réconforter, sans succès. Ron et les jumeaux avaient le visage fermé, et à leur expression, on aurait pu penser qu’ils auraient tué Regulus s’ils l’avaient eu en face d’eux.

Remus Lupin fut le premier à prendre la parole.
Harry, où se trouve ce Walter ? nous devons immédiatement le rendre à Regulus pour sauver Ginny.
Harry ne répondit pas immédiatement. Il avait envie de se précipiter à Durmstrang. Il imaginait que c’était là-bas que Regulus enfermerait Ginny. Il voulait la libérer directement sans livrer Walter et faire le plus de mal possible à Regulus. 
Il faut aller chercher Abelforth Dumbledore, dit Ron d’une voix faible, engourdie par l’inquiétude. C’est lui qui le détient.
Ok, alors prévenons-le, dit Lupin et rendons Walter rapidement à Regulus, comme cela nous retrouverons Ginny.
Des bruits de pas se firent entendre dans les escaliers, et Abelforth déboula alors en courant, manifestement très inquiet, comme s’il avait deviné que son aide était attendue.
Son visage devint livide lorsqu’il se rendit compte que Mrs Weasley était en pleurs, et en voyant les expressions de Harry et Ron.
Harry ne parvenait toujours pas à dire un mot, il avait l’impression qu’il ne pourrait parler qu’un hurlant. Il en voulait à la terre entière, et à lui en premier.
Mr Dumbledore, vous devez libérer tout de suite Walter, expliqua Lupin. Regulus a kidnappé Ginny et exige sa libération sans quoi…
Mais il ne termina pas sa phrase, se rendant compte que la fin en serait trop dure à supporter pour Mrs Weasley.
Mrs Weasley était la seule personne pour qui Harry parvenait à avoir de l’empathie à cet instant, et il se rapprocha d’elle pour la rassurer. Au fond de lui, Harry était certain qu’il libérerait rapidement Ginny, et Fumseck lui confirma cette impression en émettant un petit cri rassurant.
Molly, je vous promets que je vous ramènerai Ginny, lui murmura Harry, la serrant fort contre lui.
Je vais de ce pas chercher Walter, dit Abelforth.
Il nous faudra des garanties, nous devons exiger la libération de Ginny et ne pas le relâcher directement, dit Lupin.
Evidemment, je vais le ramener ici et nous aviserons.

Tous redescendirent dans la Salle du Phénix. Abelforth était parti seulement quelques minutes mais elles leur parurent interminables. Harry avait préféré s’isoler près d’une fenêtre, contemplant le lac sans parvenir à maîtriser sa profonde colère. Dans sa tête, il lui semblait entendre de façon lointaine les cris de détresse de Ginny, comme si elle cherchait à communiquer avec lui. Il s’efforça de lui faire parvenir tout son amour, et il eut l’impression de recevoir celui de Ginny en retour. 
Arthur Weasley avait été prévenu et était revenu en catastrophe du ministère. Il était lui aussi comme abattu par la nouvelle et avait du mal à retenir ses larmes.
Abelforth revint accompagné de Walter qui était ligoté de manière à ne pas pouvoir bouger et parler. Il semblait avoir sévèrement souffert de l’enfermement, et avait maigri. Son visage ne manifestait plus son habituelle assurance, et il semblait comme vidé de toute vie, comme s’il avait été torturé.
Abelforth desserra son étreinte de manière à pouvoir au moins le laisser articuler quelques mots.
Qu’est-ce que vous me voulez ? pesta-t-il, s’apercevant de la présence de tout l’Ordre du Phénix.
Harry trouva qu’il avait très vite retrouvé son air mesquin et vil. Sous le coup de la colère, il ressentait une forte envie de s’en prendre à lui, même s’il n’y était pour rien dans la capture de Ginny.
Regulus a capturé Ginny Weasley, expliqua Abelforth sur un ton très froid. Je vais te rendre à Regulus en échange de sa liberté. Mais je veux des garanties. Tu vas le prévenir que je l’attends dans le parc de Poudlard. S’il se présente sans elle je te tue sur le coup.
Walter sembla effrayé et ne répondit pas.
Je ne serai pas très patient, peut-être veux-tu que je t’exécute immédiatement ? demanda Abelforth, qui pointa sa baguette sur lui.
Walter émit des couinements effrayés. Harry n’avait jamais vu Abelforth dans un tel état, il semblait même terrifiant.
Non, non, balbutia-t-il, des gouttes de sueur coulant sur son visage blafard. D’accord, je vais dire à Regulus de venir à Poudlard avec la fille. Donnez-moi juste un moyen de le faire je suis ligoté !
Il termina sa phrase en criant, s’agitant comme pour se libérer, mais les cordes magiques qui le retenaient étaient bien trop serrées.
Abelforth sortit un parchemin et une plume et les présenta à Walter. Il desserra encore un peu son étreinte de manière à ce qu’il pût écrire son message pour Regulus.
Abelforth maintenait sa baguette sur la tempe de Walter et ce dernier tremblait si fort qu’il avait du mal à écrire. 
Abelforth s’assura que le message correspondait à ses souhaits avant que Walter ne refermât l’enveloppe et ne l’expédiât par le biais d’un des hiboux de l’école.

De longues minutes s’écoulèrent, durant lesquelles Harry eut à nouveau l’impression de ressentir les émotions de Ginny. Elle semblait en colère et donnait l’impression de ne pas se laisser faire. Il tenta de lui envoyer toute la force de son amour, sans savoir si tout cela n’était que le fruit de son imagination ou la réalité. 
Tous attendaient impatiemment devant l’entrée du château, surveillant le parc au cas où Regulus apparaîtrait. Abelforth avait à nouveau ligoté fermement Walter et l’avait allongé dans l’herbe. Ce dernier se débattait en vain, ressemblant à un gros asticot.
L’attente était interminable, et Regulus Black ne semblait pas vouloir se présenter. Harry enrageait, et il ne tiendrait pas longtemps à rester ici impuissant.
Comment avez-vous su qu’il se passait quelque chose dans l’école ? demanda Hermione à Abelforth.
Regulus n’était pas à Durmstrang, et j’ai appris qu’il avait rassemblé certains de ses Dragons pour une mission. J’ai tout de suite compris qu’il venait à Poudlard chercher Walter.
Vous pensez qu’il détient Ginny à Durmstrang ? demanda Hermione.
Oui, je le pense, Regulus est installé dans l’école, il n’a pas vraiment d’autre QG à ma connaissance.
Si elle est à Durmstrang, alors je vais la chercher, intervint Harry.
Harry, non ! C’est trop risqué !
Mais il n’eut pas l’occasion de se rendre à Durmstrang. Des explosions se firent entendre à l’entrée du parc, au niveau de la Forêt Interdite. Une dizaine de silhouettes de dragons se dessinèrent dans le ciel, tournoyant pour éviter les fusées du système de défense de l’école. 
Les Dragons s’approchèrent et vinrent se poser majestueusement devant l’entrée de l’école, au niveau du groupe de l’Ordre du Phénix, Regulus en tête.
Où est Ginny ? demanda Harry, énervé.
Regulus s’écarta et laissa apercevoir Ginny qui était ligotée inconsciente sur l’un des dragons, pâle comme la mort. Mrs Weasley éclata en sanglots bruyants.
Qu’est-ce que vous lui avez fait ? 
Elle va très bien, rassure-toi, répondit Regulus, dont le calme contrastait avec l’agacement d’Harry.
Libérez-là !
Pas sans avoir d’abord la certitude que je vais récupérer Walter, je ne suis pas idiot.
A l’évocation de son nom, Walter fit entendre des couinements plus intenses. Il se dandina à nouveau dans l’herbe de façon ridicule. 
Potter, tu ne m’es d’aucun intérêt, et si tu n’avais pas eu la fâcheuse idée de te mêler de mes affaires, je ne t’aurais pas causé le moindre tort. Détache Walter et laisse-le s’approcher.
Faites de-même !
La tension était palpable. Les deux camps se surveillaient avec méfiance, prêts à parer toute attaque. Ni Regulus, ni Harry ne voulaient faire le premier pas.
Eh bien, dit Abelforth, rompant le silence, je propose de compter jusqu’à trois et que vous libériez au même moment nos deux prisonniers et que vous les laissiez s’avancer, qu’en dites-vous ?
Regulus ne répondit pas et fixa Walter qui était toujours au sol.
Voyons Regulus, c’est dans ton intérêt si j’ai bien compris de récupérer Walter. Nous n’allons pas y passer la journée, et c’est d’ailleurs bientôt l’heure du déjeuner !
Regulus fit alors descendre Ginny du dragon sur lequel elle se trouvait. Il la déposa dans l’herbe toujours inconsciente.
Je ne vous ai rien demandé, c’est vous qui avez décidé de vous en prendre à moi. Potter, estime-toi heureux que je m’en prenne à Voldemort et non à toi, car tu ne serais déjà plus vivant depuis longtemps. Je peux encore changer d’avis alors détachez Walter ou je la tue sur-le-champ.
Il se plaça à côté de Ginny et pointa froidement sa baguette sur elle. Le regard et l’attitude de Regulus avaient changé. On eut dit qu’il envoyait des éclairs par les yeux.
Harry avait envie de hurler et de lui sauter dessus. Mrs Weasley poussa un hurlement déchirant et s’avança en courant comme pour prendre la place de Ginny.
Nooon ! Laissez ma fille ! Je vous en supplie !
Mais Ron et les jumeaux l’arrêtèrent.
Libérez Walter ! tonna Ron à l’adresse d’Abelforth, les yeux rougis par la colère.
Abelforth s’avança après avoir relevé Walter. Tous semblaient avoir accepté l’idée que sa libération fût nécessaire pour éviter tout drame.
Harry n’avait aucune confiance en Regulus, mais il ne pouvait faire quoi que ce soit tant que sa baguette était encore pointée sur Ginny à bout portant. La seule issue possible était en effet de libérer Walter.
Regulus, nous allons libérer Walter, dit Abelforth, mais écarte-toi de Ginevra. Elle n’y est pour rien dans tout cela.
Abelforth s’avança encore, tenant Walter debout avec sa baguette magique. Harry était prêt à réagir au moindre faux-pas de Regulus.
Avec sa baguette, il défit progressivement les liens de Walter qui ne cessait de s’agiter, lançant des regards noirs à Abelforth.
Regulus s’avança alors, et ranima Ginny, qui reprit lentement ses esprits. Abelforth libéra alors totalement Walter qui courut difficilement vers le dragon libéré par Ginny, ses jambes encore engourdies par l’étreinte.
Il y eut encore un instant de silence pesant. Le cœur d’Harry battait à tout rompre. Tant que Regulus ne serait pas parti, il ne serait pas totalement serein. 
Potter, nous aurions tant à gagner à allier nos forces contre Voldemort. Pour toi comme pour moi, il est notre plus grand ennemi. Nous avons tous les deux découvert son secret, maintenant, traquons-le et détruisons-le ensemble !
Regulus fixa Harry droit dans les yeux, le regard flamboyant et plein d’assurance, visiblement satisfait du doute que cela générait en lui. Derrière Regulus, Walter montrait des signes d’impatience, semblant pressé de s’en aller après tous ses déboires.
Harry n’avait pas bien saisi les propos de Regulus. Il était toujours focalisé sur Ginny qui s’était enfin relevée, semblant ne pas comprendre ce qui se passait. 
L’Ordre du Phénix était également stupéfait des propos de Regulus. Ils ne savaient pas grand-chose de lui, et cette proposition d’alliance avait tout pour les surprendre. 
Le temps s’était détérioré, un épais nuage noir était venu masquer le soleil, plongeant le parc dans la pénombre. Le vent était tombé au même moment, installant un calme peu rassurant, comme si une tempête allait se déclarer. Seuls les croaillements morbides des corbeaux se faisaient entendre.
Ginny avait profité de cet instant pour rejoindre Harry qui fut instantanément chaudement soulagé de sa présence à ses côtés.
Mon Maître, nous devrions y aller, siffla Walter avec insistance, l’air misérable avec ses vêtements sales et déchirés.
Oui, nous n’avons pas de temps à perdre avec ces bons à rien. Ne vous avisez plus jamais de me mettre des bâtons dans les roues. Potter, tu regretteras à jamais ton choix de ne pas me suivre. Très bientôt, j’aurai éliminé Voldemort, et tu me seras alors irrémédiablement soumis. 
Regulus avait prononcé ces derniers mots avec un air de profond mépris. Il enfourcha majestueusement son dragon et s’envola dans les airs, son armée se joignant à lui. Il pointa alors sa baguette vers le ciel et une immense lueur rougeâtre se répandit dans les nuages, formant un sublime dragon chevauché par un squelette.

Une nouvelle fois, ce fut Mrs Weasley qui rompit le silence en se répandant en pleurs, de soulagement cette fois, tout en étreignant Ginny. Harry avait eu la peur de sa vie. Il était comme vidé, et avait besoin de ne penser à rien quelques instants. 
Les travaux prévus cette journée dans la forêt furent annulés. Mrs Weasley avait imposé une après-midi de repos et personne n’aurait osé la contredire. Ils restèrent ainsi ensemble à la Cabane Hurlante. Abelforth, lui, était retourné à Durmstrang afin de satisfaire à des obligations.
Qu’est-ce que Regulus t’a fait ? demanda Ron à Ginny, qui semblait encore traumatisée par ce qu’elle avait vécu.
Harry la serrait tendrement dans ses bras, ils étaient tous les deux installés confortablement dans le divan du salon.
Il m’a emmenée à Durmstrang. Nous sommes rentrés par une tour que je n’avais jamais vue. Regulus y a installé son QG. Nous sommes ensuite descendus dans une grande salle semblable à une cathédrale souterraine. Il y avait des feux magiques et des statues de dragons. 
« Ensuite il m’a interrogée, il voulait que je dise où se trouvait Walter. Mais je n’ai rien voulu dire et il m’a torturée avec l’Endoloris. C’est toi Harry qui m’a aidé à tenir, j’ai senti ton aide.
« Cela a duré très longtemps, c’était interminable, il entrait dans mon esprit mais je n’arrivais pas à lutter. Et puis finalement il a reçu ce message de Walter et il m’a ligotée et pétrifiée. 
« J’ai aussi aperçu la Coupe de Poufsouffle, elle se trouvait dans une vitrine dans cette même salle. Mais je ne sais pas si elle contient toujours l’Horcruxe.

L’année mille neuf cent quatre-vingt-dix-sept était sur le point de s’achever. Cette dernière journée débuta sous un soleil radieux. Il faisait toutefois très froid et les cheminées de la Cabane Hurlante tournaient à plein régime.  
Harry espérait que cette année emporterait avec elle tous les déboires et malheurs qu’elle avait apportés. Combien de disparitions tragiques de personnes qui lui étaient proches avait-il dû surmonter ! Celle de Ginny, l’être qui lui était le plus cher, avait été évitée de peu et il était déterminé à en finir avec Voldemort et tous les mages noirs qui menaçaient la communauté.

Au petit-déjeuner dans la Salle du Phénix, tous s’étaient réunis joyeusement, oubliant les soucis de la veille. Le Londonien était un peu plus étoffé aujourd’hui et Arthur avait expliqué qu’une équipe indépendante avait été mise en place afin que le journal pût reprendre du service. Les Aurors avaient repris leurs entraînements, et une équipe permanente serait à nouveau affectée à Poudlard en renfort de l’Ordre du Phénix.
Abelforth s’était également présenté au petit-déjeuner. 
Comment allez-vous aujourd’hui ? demanda-t-il. Je suis désolé pour ce qui est arrivé hier, j’aurais dû me douter que l’enlèvement de Walter nous causerait des problèmes.
Cela partait d’une bonne intention, répondit Harry, philosophe. Mais je crois que Regulus a raison, maintenant, nous devrions nous concentrer sur Voldemort.
Tu veux donc suivre sa proposition de t’allier à lui ?
Non, non !
Je plaisantais Harry. Mais tu te souviens que je t’avais parlé de cette possibilité. Il est vrai qu’actuellement Regulus et toi partagez le même objectif. C’est une chance qu’il soit tant attaché au fait de vouloir détruire absolument Voldemort et non toi. Vu l’étendue de ses pouvoirs, nous serions sérieusement ennuyés s’il changeait d’avis. Tout comme Voldemort, il a lui aussi ses symboles, c’est peut-être ce qui le perdra.
Ginny a vu la Coupe de Poufsouffle là où Regulus l’a amenée. 
Oui, je pense que Regulus n’a toujours pas détruit l’Horcruxe. Il le fera peut-être maintenant que Walter est de retour. 
Alors c’est en quelque sorte une bonne nouvelle, dit Hermione.
Pas vraiment, je suis assez inquiet. Avec Walter de retour, l’influence des Dragons dans l’école va se décupler, et je m’inquiète fortement pour le professeur Kharkhov, il n’est plus en sécurité.
« Je n’aime pas de manière générale la confiance que prend Regulus en ce moment. N’oubliez pas qu’il s’il vient à bout de Voldemort avant toi Harry, la situation serait terrible. Il est pour moi toujours primordial de préserver notre position à Durmstrang pour pouvoir suivre ses activités et tout faire pour le ralentir. Je suis bien conscient que cela nous conduit à mener la guerre sur deux fronts, mais c’est nécessaire. Soyons déjà heureux que Pétunia Dursley semble hors course en ce moment.
Vous avez des nouvelles ? 
Pas récemment, ce qui est plutôt bon signe. Si ses intentions évoluent, je le saurai. Maintenant si vous me le permettez, je dois retourner à Durmstrang j’ai un cours à donner. Nous nous retrouverons rapidement, soyez prudents dans la Forêt Interdite.

L’Ordre du Phénix s’était rassemblé dans la tour au niveau de l’entrée de la Forêt Interdite. Celle-ci avait été nommée la Tour du Phénix. Lupin avait présenté la carte qui permettait de localiser les personnes. Elle était impressionnante, mesurant une dizaine de mètres de longueur, sur plus de trois de hauteur. Les parties déjà reconnues étaient reconnaissables à leur fond blanc, alors que les parties inconnues étaient encore de couleur dorée. Au niveau de la Tour du Phénix, on pouvait apercevoir les noms des personnes présentes.
Nous estimons que la Forteresse de Voldemort se trouve à ce niveau-là, expliqua Lupin en pointa du doigt une zone quasiment à l’extrémité est de la carte. Comme vous pouvez le constater, la partie déjà explorée est encore infime. L’objectif est de découvrir totalement les abords de la Forteresse, ensuite seulement, nous pourrons construire d’autres postes avancés. 
« Nous allons continuer de sécuriser également les abords de la Tour du Phénix. Nous devons constituer une zone d’exclusion dans laquelle les Mangemorts ne pourront pas pénétrer au cas où ils s’en prennent à nous. Des enchantements permettant de repousser la Marque des Ténèbres vont être placés. N’oubliez pas qu’en cas de danger, le transplanage est possible dans la Forêt Interdite, il ne faut prendre aucun risque et venir vous replier ici à la moindre alerte. 
« Notre discrétion sera très importante. Plus Voldemort tarde à découvrir nos projets, plus nous pourrons avancer sereinement. Nous allons constituer des groupes. Deux équipes vont effectuer des reconnaissances, l’une en suivant le cours de la rivière que vous voyez ici, et qui semble mener à la Forteresse, l’autre en suivant la lisière sud de la Forêt, qui domine le lac sur sa partie nord-est. Une autre équipe s’occupera de poursuivre la sécurisation de la zone ici, et enfin une dernière surveillera en permanence les déplacements des personnes sur la carte et sera prête à intervenir en cas d’attaque.
Harry et Ginny iraient s’occuper de la reconnaissance de la lisière sud. Ils seraient accompagnés par Maugrey Fol-Œil et Pomona Chourave, mais aussi par Neville et Luna qui les avaient rejoints.
Remus Lupin encadrerait le deuxième groupe avec Mrs Bett, Ron, Hermione et les professeurs Zeffira et Grelon.
Le professeur Fitz assurerait la surveillance à la Tour du Phénix accompagné des professeurs Fitzaethelbert et Robert, ainsi que des membres de la Brigade d’intervention éclair qui avait été reconstituée. 
Fred et George et Mrs Weasley s’occuperaient d’installer des enchantements de protection aux abords de leur nouvelle base. 
Il faudra toujours que l’un d’entre vous exécute un enchantement de localisation tout au long de votre excursion, sans quoi la carte ne sera pas mise à jour en temps réel, expliqua Lupin à l’adresse du deuxième groupe d’exploration. Regardez comment faire : Mystérieuse Forêt Interdite, révèle tes secrets !
Sa baguette s’illumina d’une légère lueur dorée. Au même instant, un petit point lumineux était apparu sur la carte.
Nous nous retrouverons à midi pour le déjeuner. Et n’oubliez pas, si vous rencontrez le moindre problème, transplanez !
Soyez prudents ! leur dit Mrs Weasley, inquiète de les voir partir dans la forêt.
Ne vous inquiétez pas, Molly, nous serons prudents, dit Harry.
Vigilance constante !

La partie de la Forêt Interdite qui longeait le lac était relativement méconnue. Harry n’était jamais allé plus loin que l’endroit où se trouvait les tombes blanches des professeurs décédés.
Ils s’arrêtèrent un instant pour se recueillir à la mémoire d’Albus Dumbledore, Minerva McGonagall, Filius Flitwick, ainsi qu’Hagrid. 
Ils continuèrent leur chemin en longeant les eaux calmes du lac. Le soleil si bas à cette époque de l’année, dépassait à peine les montagnes au sud du lac. Ses rayons rasants se reflétaient à sa surface et illuminaient la bordure de la forêt, constituée à cet endroit principalement de saules et de peupliers.
Tous avançaient joyeusement, profitant de la beauté du paysage autour d’eux. Le professeur Chourave ramassait régulièrement des champignons et des plantes, et Neville semblait passionné par ses explications. Maugrey, lui, semblait s’en désintéresser totalement et ruminait régulièrement sans prendre la peine de baisser la voix.
Qu’est-ce qu’on en a à faire de leurs histoires de salades, hein, Potter ?
Alastor, il n’y a pas que les duels et les combats dans la vie, répondit le professeur Chourave, beaucoup de plantes magiques sont fascinantes et sont très utiles pour les potions.
Oui, les plantes sont fascinantes, mais les créatures le sont encore plus, intervint Luna. J’espère que nous rencontrerons des Météorfées, cela fait longtemps que je rêve d’explorer la Forêt Interdite à leur recherche. J’ai lu qu’il y en a ici, mais il y a plus de chance des les voir à la tombée de la nuit.
Personne ne répondit, Harry n’était pas certain de l’existence de ces créatures, et il évita de croiser le regard du professeur Chourave qui semblait se retenir de rire.
Des Météorfées ? pesta Maugrey. Et pourquoi pas des Sélénites !
Ce n’est pas une blague, répondit Luna le plus sérieusement du monde. Et d’ailleurs les Sélénites existent, quand j’étais petite, mon père m’a raconté qu’il en avait rencontrés dans un champ près de notre maison familiale un soir de pleine lune. Malheureusement je n’ai jamais eu l’occasion de les apercevoir moi aussi.
C’est peut-être tout simplement parce qu’ils n’existent pas !

Maugrey et Luna continuèrent de se chamailler pendant de longues minutes. Ils avaient ainsi rapidement progressé et la marche ne présentait pour l’instant que peu de difficultés. Les rives du lac étaient dégagées, et la forêt encore éparse. 
Ils parvinrent ainsi après une heure de marche à l’extrémité est du lac, où le relief était plus marqué. Le lac se terminait par un déversoir constitué d’un barrage naturel de blocs éboulés. Le surplus du lac s’écoulait en plusieurs cascades qui alimentaient une petite rivière qui bifurquait vers le sud.
A l’est de ce déversoir, la Forêt Interdite était cernée sur sa partie sud par des petites collines de plus en plus élevées. L’environnement était plus sec, et un changement se produisit dans la végétation qui devint beaucoup plus dense. Un assortiment de conifères qui mesuraient une centaine de pieds de haut s’étendait à perte de vue. Ils purent le constater en montant au sommet d’un bloc rocheux qui dominait les environs. 
Une brume dense baignait la forêt sur sa partie est, et indiquait la présence du Gouffre des Ténèbres.
Cet endroit est à retenir, dit Maugrey. Nous avons une bonne vue sur l’ensemble de la forêt. Regardez là-bas on peut apercevoir la Tour du Phénix.
En effet, tout à l’ouest, le sommet de la Tour du Phénix dépassait légèrement la cime des arbres, paraissant très éloignée.
Jusqu’à présent, aucune créature ne s’était manifestée. Ils avaient simplement aperçu plusieurs petits animaux non dotés de pouvoirs magiques tels que des lapins, des petits oiseaux et quelques rongeurs qui fuyaient à leur passage sans pouvoir être reconnus. 
Une fois redescendus du rocher, ils n’avaient pas d’autre choix que de pénétrer dans la Forêt Interdite.
C’est là que les choses sérieuses commencent ! annonça Maugrey.
A peine passèrent-ils les premiers arbres, l’atmosphère changea totalement, comme si quelqu’un avait éteint la lumière du jour. Les arbres projetaient des ombres menaçantes, et des bruissements se faisaient entendre dans les buissons. Le vent qui agitait les immenses conifères faisait craquer leur bois et sifflait entre les branches les plus élevées. 
Une sorte de brume empêchait de voir clairement à plus d’une quinzaine de mètres, et tout faisait en sorte que l’imagination joue des tours à ceux qui arpentaient ces bois. 
Ils allumèrent leur baguette et pénétrèrent dans la forêt, prêts à se défendre de toute agression.


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